Ils sont là, certains depuis plusieurs siècles; on les voit à la télévision, dans les journaux, en fond de presque tous les points de presse, de toutes les annonces officielles… Que sait-on vraiment, pourtant, des lieux où se prennent les grandes décisions, au Québec? Fort heureusement, les journalistes Marco Bélair-Cirino et Dave Noël proposent Les lieux de pouvoir au Québec, un ouvrage fort intéressant qui tient à la fois du livre d’histoire et du précis d’architecture et d’urbanisme.
Impossible d’échapper au décor de l’Assemblée nationale, à Québec. Mais au-delà de cet édifice, qui ne fut certainement pas le premier à abriter les différentes chambres où délibérèrent les députés depuis la Confédération, on compte plusieurs bâtiments, résidences (officielles et officieuses), et même des clubs politiques et des restaurants. Tous ont, tour à tour, servi de cadre à de petites et grandes scènes de notre joute politico-historique nationale.
En cumulant de nombreuses entrevues avec d’anciens premiers ministres, mais aussi avec leurs proches, ou encore avec d’anciens hauts-fonctionnaires, adjoints, autres conseillers, et historiens, les deux auteurs du livre, tous deux journalistes au Devoir, donnent en quelque sorte vie à l’histoire et au passé. Car s’il existe forcément quantité d’informations sur les divers lieux où la classe politique a exercé son pouvoir, la structure du présent ouvrage, qui évoque certes le passé lointain, mais principalement les 50 dernières années, enrichit d’autant la lecture qu’il est aisé de se remémorer les divers acteurs de cette saga socio-politique.
Si certains des grands noms de la politique québécoise des dernières décennies ont effectivement passé l’arme à gauche, y compris Robert Bourassa, Bernard Landry et Jacques Parizeau, d’autres (Jean Charest, Jean-Pierre Charbonneau, Lucien Bouchard, Pauline Marois, etc.) sont tout à fait vivants, et ont bien des choses à dire.
Pour les journalistes qui couvrent un tant soit peu la politique, certaines anecdotes sur la Tribune de presse, ou sur la séparation des espaces entre reporters et politiciens dans les locaux de l’Assemblée nationale, feront sourire. Et pour ceux qui ne sont pas calés en histoire de la politique nationale, la quantité d’informations en apparence anodines, mais pourtant fascinantes, permet de créer un paysage politique, certes, mais surtout personnel qui donne un tout autre aspect à l’exercice du pouvoir.
Les lieux de pouvoir au Québec réussissent ce qui est rarement accompli, soit de rendre la politique humaine. L’ouvrage, paru chez Boréal, s’avère nécessaire pour toute personnes qui s’interroge sur l’exercice du pouvoir d’ici, par les politiciens d’ici. À lire.
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