Au Québec et ailleurs, différentes statistiques ont suggéré ces dernières années que l’achat d’un nouveau véhicule montrait des signes de ralentissement. L’autopartage pourrait-il être un facteur?
Par exemple, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) indique une augmentation de 0,9% du nombre de véhicules en circulation entre 2017 et 2018, par rapport à 2,1% entre 2016 et 2017. Depuis 2011, la hausse avait toujours été supérieure à 1%. Selon le portail de statistiques allemand Statista, le nombre de voitures vendues à travers le monde a diminué entre 2017 et 2018, passant de 79 à 78,6 millions. Le chiffre devrait descendre à 77 millions en 2019.
Plusieurs chercheurs affirment que l’autopartage, un service qui permet de louer une voiture pour une durée allant de quelques minutes à plus d’une journée, aurait contribué. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs s’intéressent à la fois au nombre de véhicules dont les usagers se sont départis et au nombre de véhicules dont l’achat a été évité.
Martin Trépanier, professeur titulaire au Département de mathématiques et de génie industriel de Polytechnique Montréal, avait publié une étude en 2014 pour la ville de Montréal. « Notre étude indiquait que 90% des usagers de 2010 avaient soit vendu leur voiture, retardé leur achat ou tout simplement annulé leur achat de véhicule ». Même si l’étude date un peu, le chercheur ne croit pas que les chiffres soient bien différents aujourd’hui.
Ceux qui ont annulé ou évité d’acheter un véhicule sont toujours plus nombreux que ceux qui s’en sont débarrassés. Raphaël Duteau, étudiant gradué de HEC Montréal, suggérait une explication dans son mémoire sur l’autopartage dans la métropole. Le fait d’éviter l’achat n’implique pas une action concrète puisque ce n’est qu’un maintien du statu quo, contrairement à la vente du véhicule. Par ailleurs, ce ne sont pas nécessairement les usagers qui utilisent le plus l’autopartage qui sont les plus disposés à vendre ou à éviter l’achat d’une voiture solo, selon une étude menée aux Pays-Bas en 2018.
Même si les études s’entendent sur un effet positif de l’autopartage, Martin Trépanier constate que l’ordre de grandeur reste à déterminer. Les chiffres varient en effet considérablement d’une étude à l’autre, entre 2,5 et 13 véhicules de moins sur la route pour chaque voiture d’autopartage. Cette différence de valeur découle, entre autres, de la méthode de collecte des données. Certaines études s’appuient sur des sondages et sur le nombre de clients, mais il faut regarder l’utilisation qu’ils en font. Elles pourraient donc être trop optimistes par rapport aux bénéfices de l’autopartage. Martin Trépanier veut remettre son étude de 2014 à jour afin d’avoir un portrait plus précis pour la ville de Montréal.