Voilà sept ans que la tempête Sandy a paralysé New York, pourtant connue pour son activité incessante. De fortes marées et une puissante tempête, soit les importants volumes d’eau qui se sont accumulés devant Sandy alors qu’elle se déplaçait, se sont combinées pour inonder le bas de Manhattan sous plus de deux mètres d’eau, faisant 53 morts et provoquant pour environ 19 milliards de dollars en dégâts, et ce uniquement à New York. Comment se protéger contre une telle catastrophe?
Le triste anniversaire de Sandy représente également une période de sept ans depuis que les dirigeants de la Grosse Pomme ont commencé à envisager de construire d’importantes barrières pour protéger la ville contre de futures tempêtes. Et lors d’un récent événement organisé par le Sabin Center for Climate Change Law et l’Earth Institute de l’Université Columbia, des experts ont évoqué une étude qui évalue la faisabilité de la construction de ces barrières autour de New York et du New Jersey.
« La plupart des habitants de la région ne sont pas au courant de l’étude, mais les résultats de cette dernière pourraient avoir d’importantes retombées économiques et environnementales », a mentionné le modérateur de l’événement, Michael Gerrard, directeur du Sabin Center. « Le Centre estime qu’il est important d’accroître la compréhension du public en ce qui concerne les informations qui font l’objet d’un examen. »
En ouverture de séance, Clifford Jones III, le chef de district pour la planification du Corps des ingénieurs de l’armée américaine a détaillé les diverses options évaluées dans le cadre d’une étude portant l’acronyme HATS. L’étude en question vise à réduire les menaces en matière de dégâts côtiers pour les rivers de New York, du New Jersey, ainsi que le long de la rivière Hudson.
L’étude HATS évalue cinq options en matière de protection côtière, qui varient toutes en ampleur et en coût. La déclinaison la plus importante impliquerait de bâtir des barrières anti-inondations sur une distance d’une dizaine de kilomètres, en plus d’une quarantaine de kilomètres de murs de protection, digues et autres obstacles le long des côtes.
Selon M. Jones, cette option coûterait 62 milliards de dollars, mais éviterait théoriquement des dégâts de l’ordre de 131 milliards dans cette zone, en plus protéger environ 95% de la région visée. D’autres options présentées dans le cadre de l’étude pourraient coûter moins cher, mais offriraient des niveaux de protection similaires.
En plus des coûts et avantages des diverses options, l’étude HATS s’intéresse aussi aux retombées de constructions aussi importantes. Cela comprend les impacts sur les espèces sauvages, sur la qualité de l’eau, en matière de bruit et de vibrations, ainsi qu’en ce qui concerne le changement des courants marins.
Défendre ou non?
Une autre crainte liée à la construction de barrières est que « l’eau doit trouver un endroit où aller », a souligné M. Jones. « Où ira-t-elle? Nous ne voulons pas empirer les choses pour quiconque. Alors, si nous installons une barrière, cela pourrait faire en sorte que l’eau déborde dans des zones adjacentes. »
Si certains experts estiment que la construction de barrières est une bonne idée, en évoquant que ce choix est déjà celui d’autres grandes villes, y compris Londres, Houston et La Nouvelle-Orléans, Jacqueline Austermann, qui étudie les glaciers et la hausse du niveau des océans à l’Université Colombia, juge que de telles méthodes de protection n’offrent aucune défense contre la hausse du niveau des eaux et contre les inondations liées aux marées, deux facteurs qui ont contribué à la sévérité de la tempête Sandy.
Dans la région de New York, selon Mme Austermann, le niveau de l’eau augmente de 3,8 millimètres par année, et pourrait atteindre jusqu’à deux mètres au cours des 90 prochaines années, selon certains modèles. Cela signifierait que des zones situées près du niveau de l’eau seraient déjà inondées, tempête gigantesque ou non.
Pour Paul Gallay, président de l’organisation Riverkeeper et professeur au Earth Institute, la construction de barrières n’est pas souhaitable, entre autres pour les raisons évoquées par Mme Austermann. Selon lui, les barrières ne sont pas non plus utiles contre les inondations provoquées par les fortes pluies, des événements qui se multiplient en raison des changements climatiques. Il juge également que les projets sont si coûteux que le financement pourrait ne pas être octroyé avant plusieurs années, voire plusieurs décennies, sans parler de la construction comme telle.
Le professeur propose plutôt de suivre l’exemple de Boston et de plutôt travailler à restaurer les zones marécageuses et construire des infrastructures vertes, des parcs surélevés, ainsi que d’autres zones inondables qui peuvent encaisser des pluies ou des vagues importantes. « L’eau va venir. Nous devons trouver une façon de vivre avec elle, et nous devons développer le capital social que nous possédons déjà », a-t-il lancé.
Si le débat sur la protection de la région de New York pourrait durer encore plusieurs années, M. Jones et ses collègues espèrent pouvoir présenter des solutions dès l’an prochain. En fonction du plan approuvé et de ses coûts, la construction pourrait s’étirer sur une période allant jusqu’à 25 ans.
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