Soucieuse de satisfaire la demande du président Trump d’envoyer sur la Lune un astronaute en 2024 au plus tard, la NASA court-circuite les étapes pour un module lunaire et risque en même temps de court-circuiter la construction de la base qui, depuis l’orbite lunaire, devait servir de point de transfert entre la Terre et la Lune.
Lunar Gateway est en effet, depuis une décennie, partie intégrante des plans pour un retour vers la Lune. Les premières missions envoyées là-haut au moyen des nouvelles fusées de la NASA (les Space Launch System, encore sur les planches à dessin) s’arrêteraient d’abord en orbite lunaire et y assembleraient cette mini-station qui, ensuite servirait de marchepied en vue de la construction d’installations permanentes sur la Lune.
Or, révèle le magazine en ligne Spaceflight, dans son appel d’offres dont la date d’échéance est le 1er novembre, la NASA demande aux compagnies de lui soumettre des propositions pour un module lunaire qui puisse être fonctionnel en 2024, mais abandonne l’exigence comme quoi ce module devait être réutilisable. En termes clairs, cela veut dire qu’il ne s’agirait plus d’un module qui ferait des allers et retours entre la station Lunar Gateway et le sol lunaire. La NASA risque donc de se retrouver avec un module qui, si jamais il était fonctionnel en 2024, devrait être remplacé aussitôt après, lorsque Lunar Gateway serait complétée. Et bien que les premiers composants de Lunar Gateway soient en théorie toujours à l’horizon 2022-2023, si jamais le projet était lui-même abandonné, il faudrait reprendre à zéro les plans à long terme pour des habitats permanents sur la Lune.
Jusqu’en mars dernier, le programme de la NASA prévoyait un premier astronaute sur la Lune en 2028. Ce sont des pressions de la Maison-Blanche qui ont conduit la direction de l’agence spatiale américaine à changer radicalement son calendrier.