Soixante artistes d’ici ou d’ailleurs, 52 spectacles en français et 14 en anglais, 44 lieux de représentation (salles de spectacles, maisons de la culture, bibliothèques)… le conte est à l’honneur durant 10 jours à Montréal, du 18 au 27 octobre 2019.
Pour son ouverture au théâtre Outremont, le spectacle Empreintes / Traces, réunissant huit conteurs talentueux, a donné le ton de ce festival tous publics, qui offre l’occasion de voyager, de rêver, de rire et de sourire ou de verser une larme en écoutant ces acrobates des mots, des récits, des souvenirs et des émotions.
Le conte. Voilà bien un genre littéraire difficile à définir, et particulièrement aujourd’hui où il est souvent sorti du cadre traditionnel. Mais qu’importe, au fond?
Parmi les artistes réunis pour le spectacle d’ouverture, certains continuaient de puiser dans le répertoire traditionnel du conte, d’autres nous confiaient leurs souvenirs, réels ou imaginés, d’autres enfin évoquaient des actes poétiques qui, de même que ce qu’il ressort de l’ensemble de ces récits, sont parfaitement inutiles mais tellement indispensables pour nous permettre d’être ébloui comme on l’est naturellement lorsqu’on est un enfant.
Et d’ailleurs, est-ce bien vrai qu’ « on ne guérit jamais de son enfance »? Cette affirmation de la délicieuse Aïni Iften (Algérie), lors de sa prestation, permet de bien comprendre les enjeux contemporains du conte. Un récit qui sait nous émouvoir et nous tirer à la fois des soupirs et des sourires en nous renvoyant aux blessures de notre enfance. Poésie et nostalgie ruissellent naturellement de tous les textes entendus. Mais dans un autre sens, ceux qui ne guérissent jamais de leur enfance possèdent aussi cette chance immense que d’avoir l’occasion de retrouver le ravissement spontané des enfants lorsque, encore trop jeunes pour déchiffrer les lettres, ils demandent et redemandent qu’on leur raconte ces types d’histoires.
Animée par Michel Faubert qui proposait lui aussi des contes, des devinettes et d’autres belles combinaisons de mots, la soirée réunissait sept artistes comédiens et conteurs qui participeront à d’autres spectacles du festival.
Cédric Landry, des Îles de la Madeleine, a raconté entre autres les amours de Claire (qui n’entendait plus depuis qu’elle avait perdu Louis) et de Louis devenu aveugle depuis qu’il ne voyait plus Claire…
Olivier de Robert nous a parlé de ce Enrique qui voulait tellement se rendre tout en haut de ses Pyrénées d’origine. La Suissesse Catherine Gaillard évoquait ce chasseur invétéré de bisons dont le destin fut de se transformer en bison. Aïni Iften, de Kabylie, a su cuisiner les mots comme sa mère le faisait avec la nourriture pour nourrir sa famille.
Venue de Belgique, Catherine Pierloz raconta l’histoire vraie de Philippe Petit, le merveilleux funambule des tours jumelles de New York. Rachid Bouali, originaire d’Algérie, se souvint des visites d’Émile le facteur, lorsqu’il apportait les allocations familiales à sa famille installée près de Roubaix en France. Et enfin la Québécoise Joujou Turenne expliqua entre autres comme il était plus simple de compter des œufs dans le créole de son Haïti natale qu’en français.
Rires, poésie, nostalgie, chansons aussi, cette soirée d’ouverture du 15e Festival interculturel du conte de Montréal nous rappelle à quel point il est bon d’écouter des histoires et de se laisser aller à y croire et à en rêver, exactement comme lorsque nous étions enfants.
Empreintes / Traces, le 18 octobre 2019 au théâtre Outremont
Avec: Rachid Bouali (Algérie-France), Catherine Gaillard (Suisse), Aïni Iften (Algérie), Cédric Landry (Îles de la Madeleine), Catherine Pierloz (Belgique), Olivier de Robert (Pyrénées), et Joujou Turenne (Haïti-Québec)
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