Faisant feu de tout bois à la suite du déclenchement, plus tôt cette semaine, d’une procédure d’enquête par la Chambre des représentants dans le but d’obtenir sa destitution à la suite des révélations sur la présumée demande d’interférence de l’Ukraine dans le processus électoral américain, le président Donald Trump a laissé entendre, dimanche, que si les démocrates le faisaient tomber, le pays risquerait de se retrouver dans une nouvelle guerre civile.
Dans une série de tweets – le président a publié ou republié une soixantaine de messages sur le réseau social, dimanche –, M. Trump a semblé faire siens les mots du pasteur Robert Jeffress. Invité sur les ondes de Fox News, M. Jeffress a soutenu que les Américains s’identifiant comme chrétiens évangéliques étaient « particulièrement en colère à la vue des tentatives, par les démocrates, de renverser le résultat de la présidentielle de 2016 », et que les démocrates n’avaient justement « jamais pardonné au président d’avoir battu Hillary Clinton ».
« Si les démocrates réussissent à destituer le président (ce qu’ils ne réussiront jamais), cela provoquera une fracture au sein de notre nation qui s’apparentera à une guerre civile », a encore partagé le chef d’État américain.
« Traîtres », « issus de la gauche radicale », « menteurs », « tricheurs »… le locataire de la Maison-Blanche n’a pas manqué de qualificatifs péjoratifs pour dépeindre ses adversaires politiques sous un jour négatif. Confronté à une plainte, formulée par un lanceur d’alerte à propos de ses échanges avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en juillet dernier, échanges lors desquels le président Trump aurait directement demandé à son homologue d’enquêter sur de possibles conflits d’intérêts entre son principal adversaire à la présidentiel de 2020, et les agissements du fils de ce dernier, Hunter, lorsqu’il siégeait au conseil d’administration d’une importante société ukrainienne, Donald Trump soutient depuis qu’il n’a rien fait de mal, voire que l’appel était « parfait ».
Dans le but de désamorcer la situation, la Maison-Blanche a divulgué, la semaine dernière, une transcription partielle de la conversation entre les deux présidents. Le hic, c’est que la transcription en question indique clairement que M. Trump a bel et bien demandé à M. Zelensky de faire enquête sur les Biden. Si la Maison-Blanche et les républicains soutiennent qu’il n’y a là rien de fautif, puisque, entre autres, Donald Trump n’aurait pas spécifiquement proposé un retour d’ascenseur, les démocrates estiment que la demande d’échange de bons procédés était implicite, ou était liée à l’autorisation de l’envoi de plusieurs centaines de millions de dollars en aide militaire destinée à l’Ukraine. D’où le lancement de la procédure d’enquête pour destitution.
Rencontrer son « accusateur »
Dimanche, toujours, le président américain a exigé de rencontrer directement le lanceur d’alerte; dans sa plainte, celui-ci précise qu’il n’était pas présent au moment de l’appel du mois de juillet, mais que l’information dont il fait état est fiable. Aux yeux de Trump, toutefois, ces affirmations sont sans objet, puisqu’il s’agit « d’informations de seconde, voire de troisième main », a-t-il tempêté sur Twitter.
Le président a également exigé de rencontrer la personne qui aurait fourni cette information au lanceur d’alerte – identifié comme un agent de la CIA autrefois rattaché à la Maison-Blanche, selon le New York Times –, dont il qualifie le travail « d’espionnage du président ». Du même coup, le président Trump a réclamé que le président du comité sur le renseignement de la Chambre des représentants, le démocrate Adam Schiff, soit « interrogé au plus haut niveau pour fraude et trahison », a-t-il poursuivi sur son réseau social favori.
D’autres informations, révélées vers la fin de la semaine dernière, portent à croire que plusieurs conversations entre le président Trump et d’autres chefs d’État ont été classées « secret », malgré que les sujets abordés ne tombaient pas dans la catégorie « secret défense », mais s’avéraient plutôt dangereuses sur le plan politique pour l’occupant de la Maison-Blanche.
M. Trump et les républicains n’entendent toutefois pas s’avouer vaincus, et, comme le prouve la collecte de fonds record du Parti républicain au bénéfice de la campagne de réélection de Donald Trump, le jour même de l’annonce de l’enquête démocrate, les électeurs ayant porté « The Donald » au pouvoir se rangent toujours derrière le coloré et bouillant président.
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