Mais que se passe-t-il dans la tête du bédéiste Villa Rente? Le dessinateur, l’une des têtes d’affiche du mouvement indépendant finlandais, présente cette fois Comment le roi a perdu la tête, une fable complètement folle évoquant à la fois les Monty Python et l’humour absurde et nihiliste de Bojack Horseman.
Dans un royaume pas si lointain, en bordure de l’autoroute, un roi répare son toit. Un toit qui fuit dans un pays où il pleut relativement souvent, ça n’aide pas. Le toit est-il à l’image du roi, d’ailleurs? Voilà notre monarque déprimé, quelque peu désoeuvré, dans un château qui tombe en ruines. Ses filles passent leur temps sur leur téléphone intelligent, entre deux seaux installés par terre pour recueillir l’eau qui entre par les fissures. Et son amante, qui est aussi la bouffonne royale, constate, fort tristement, que l’homme qui partage rarement sa couche est incapable de maintenir une érection. Pire encore, il souffre de suées nocturnes, ce qui le condamne à son propre lit, plutôt qu’à celui de sa douce.
Qu’y a-t-il d’autres à dire sur le roi? À la recherche d’un sens à sa vie, il va et vient, sans véritable but. Aussitôt pensait-il avoir trouvé un objectif à son existence, auprès d’une gente dame « prisonnière » d’un autre château, que le revoilà parti sur son cheval, en direction de ce qui est pratiquement une masure.
À la première lecture, on serait bien en peine d’indiquer si l’on a véritablement apprécié cet ouvrage. Le style y est plus que particulier, le rythme est décousu, et si l’on cherchait quelque chose de franchement enlevant, ou de rigolo, on est un peu mal tombés. Non, il faudra attendre quelque jours après avoir refermé la bande dessinée en question pour que les liens entre les divers thèmes abordés dans l’oeuvre se complètent dans notre tête. Quelques jours pour que l’on repense à cette nouvelle interprétation de Sisyphe et de son rocher, ou encore à la véritable identité du dragon qui vient porter les trois princesses au château du roi. Un roi qui, fort étrangement, est célibataire…
En donnant à fond dans l’absurde, Villa Rente est en mesure de nous faire réfléchir. Et c’est certainement là l’un des aspects les plus intéressants de Comment le roi a perdu la tête.
À lire, aux éditions Ça et là.
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