Alors qu’on parle surtout de leurs augmentations de salaire et de leurs conditions de travail depuis quelques années, New Amsterdam est la série parfaite pour se réconcilier avec les médecins, et le combat pour la vie qu’ils livrent tous les jours.
Situé à New York, le New Amsterdam Medical Center est le tout premier hôpital public des États-Unis, et l’un des rares endroits où les personnes ne possédant pas d’assurances privées peuvent quand même être soignées. Dès son arrivée à titre de nouveau directeur médical de l’établissement, Max Goodwin veut redonner le goût de la médecine aux docteurs, et pour montrer le sort qu’il réserve à ceux et celles qui s’intéressent avantage à la facturation qu’aux malades, il congédie le département de cardiologie au grand complet. Tentant de faciliter le travail du personnel par tous les moyens, quitte à se mettre le conseil d’administration à dos, Max sera à même de constater les deux côtés de la médaille lorsqu’on lui découvre un cancer de la gorge, et qu’il deviendra un patient du même hôpital qu’il doit gérer.
Je suis peu attiré par les drames médicaux en général, mais New Amsterdam m’a rapidement conquis par sa grande humanité. Profitant du contexte d’un hôpital, où les ambulances déversent constamment de nouvelles crises, la série possède une écriture dense et riche, et il n’est pas rare de voir jusqu’à trois arcs narratifs s’entrecroiser au sein d’un même épisode. Alternant entre la frustration de perdre un patient et l’incroyable satisfaction de sauver une vie, l’émission est une véritable montagne russe émotionnelle, devant laquelle il est difficile de rester insensible. Des dialogues drôles et intelligents atténuent l’inévitable pathos de ce genre de production avec une bonne dose d’humour, et à travers la souffrance et le deuil, cette série réussit l’exploit de célébrer la vie, et ses beautés.
Presque trop sympathique dans le rôle du suprématiste blanc de BlacKkKlansman, Ryan Eggold a l’occasion de briller dans New Amsterdam, et il habite avec beaucoup de sincérité le personnage de Max Goodwin, un bon gars toujours prêt à aider les autres, au détriment même de sa famille et de sa santé. En plus de la toujours excellente Janet Montgomery (Salem), les amateurs de Doctor Who seront heureux de renouer avec Freema Agyeman dans le rôle du docteur Helen Sharpe. Campant le psychiatre de l’hôpital, Tyler Labine offre probablement la meilleure performance de sa carrière, et sa complicité avec Vijay Kapoor, un docteur indien adepte de la médecine « lente » et joué par Anupam Kher, crée l’une des relations les plus attachantes et vraies de la série.
En dépit d’une facture de téléroman, la réalisation de New Amsterdam propose une qualité comparable aux productions de HBO. Difficile pour un drame médical de ne pas passer par le bloc opératoire, mais heureusement pour les cœurs sensibles, les scènes d’opérations à cœur ouvert ne sont pas trop fréquentes. Même si la majeure partie de l’action prend place dans un hôpital, la production glisse des touches fort intéressantes à travers le montage, comme une scène complète montrée du point de vue d’une personne sourde, ou un loup rôdant dans les couloirs de l’établissement. Les échanges de corridors, qui se font la plupart du temps en marchant, s’accompagnent de solos de batterie, ce qui donne un petit côté Birdman à l’ensemble.
Le coffret New Amsterdam contient l’intégrale de la première saison, soit vingt-deux épisodes d’une quarantaine de minutes chacun, sur six disques au format DVD. On ne trouve ni piste de commentaires ni entrevues avec les réalisateurs ou les comédiens de la série sur l’édition. Le matériel supplémentaire se limite à seize scènes retirées du montage, ce qui est un peu dommage pour ceux et celles qui auraient voulu en apprendre davantage sur la genèse du projet, et le livre Twelve Patients: Life and Death at Bellevue Hospital du docteur Eric Manheimer, sur lequel la série est basée.
Alors que la seconde saison débutera à la fin du mois sur les ondes de NBC et de Global, le coffret New Amsterdam Season One constitue le prétexte idéal pour découvrir cette série poignante, qui brasse la cage du système de santé autant que les émotions.
8/10
New Amsterdam Season One
Réalisation : Kate Dennis, Peter Horton, Jonas Pate, Darnell Martin, Michael Slovis, Laura Belsey, Jamie Payne, Andrew McCarthy, Stephen Kay, So Yong Kim, Jidéh Breon Holder, Nick Gomez, Kristi Zea, Ellen S. Pressman, Thomas Carter
Scénario : David Schulner, Shaun Cassidy, David Foster, Erika Green Swafford, Aaron Ginsburg, Y. Shireen Razack, Cami Delavigne, Graham Norris, Laura Valdivia, Josh Carlebach (d’après le livre d’Eric Manheimer)
Avec : Ryan Eggold, Janet Montgomery, Freema Agyeman, Jocko Sims, Tyler Labine, Anupam Kher et Alejandro Hernandez
Durée : 924 minutes
Format : DVD (6 disques)
Langue : Anglais seulement (avec sous-titres en français)
Un commentaire
Pingback: Critique New Amsterdam - Patrick Robert