Le rituel est réglé comme du papier à musique: mercredi avant-midi, le premier ministre Justin Trudeau quittera sa résidence officielle, et marchera pendant quelques minutes pour arriver à Rideau Hall, là où il demandera à la gouverneure générale Julie Payette de dissoudre la Chambre des communes, ce qui ouvrira la voie à 40 jours de campagne. Rendez-vous le 21 octobre pour les 43e élections générales du Canada.
Sur la ligne de départ, certains concurrents partent avec une longueur d’avance. S’ils sont à coude à coude avec les conservateurs dans les sondages, à environ 33% d’intentions de voix, les libéraux jouissent d’une plus grande popularité en Ontario, au Québec, en Colombie-Britannique et en Atlantique, toutes des régions dont le n0mbre de sièges pourrait décider de l’identité du prochain gouvernement. Les conservateurs, eux, sont particulièrement fort dans les Prairies, y compris en Alberta, mais cela ne sera pas suffisant pour obtenir une majorité.
Ladite majorité semble d’ailleurs pour l’instant échapper aux troupes de Justin Trudeau, indique le site 338Canada.com. Selon les prévisions, le Parti libéral du Canada pourrait obtenir 164 sièges sur les 338 des Communes, soit à six sièges des 170 députés nécessaires pour techniquement diriger le pays pendant quatre ans sans devoir s’allier à l’opposition.
Dans l’état actuel des choses, une alliance pourrait être nécessaire avec le Nouveau Parti démocratique (NPD), ou avec le Bloc québécois, pour faire adopter les différents projets de loi d’un futur deuxième gouvernement Trudeau, y compris les budgets, les pièces maîtresses.
Chute, puis remontée du PLC
Ce qui semblait être une avance confortable pour les libéraux, avant l’éclatement du scandale SNC-Lavalin, s’est transformé en un retard marqué sur les conservateurs, alors que le chef Andrew Scheer attaquait à répétition son adversaire libéral pour la pression imposée à l’ex-procureure générale et ex-ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, pour faire en sorte que la firme d’ingénierie québécoise ait droit à un accord de réparation, qui lui éviterait un procès et une mise au ban pendant 10 ans pour les contrats fédéraux.
L’affaire, qui battait son plein à l’hiver dernier, a toutefois perdu de son élan, et les libéraux ont grignoté peu à peu les quelques points de pourcentage qui les séparaient des conservateurs dans les sondages. M. Scheer, quant à lui, a semblé peu convaincant dans l’explication de sa position et de celle de son parti sur le mariage homosexuel et le droit à l’avortement, son lieutenant au Québec, Alain Rayes, contredisant carrément le chef sur cette dernière question, particulièrement délicate, y compris au Québec. Les libéraux (mais aussi les néodémocrates et les bloquistes) ont bien entendu profité de l’occasion pour marteler que les conservateurs n’empêcheraient pas des députés d’arrière-ban de déposer des projets de loi d’initiative personnelle visant à restreindre le droit d’une femme à mettre fin à une grossesse. Et donc, ultimement, que le Parti conservateur était opposé à l’avortement.
Le PLC a aussi profité de la poursuite de la lente descente aux enfers du NPD, une dégringolade entamée sous le précédent chef, Thomas Mulcair, et qui ne s’est pas arrêtée depuis l’élection de l’actuel leader, Jagmeet Singh. M. Singh, confronté à une baisse des appuis envers son parti, n’a pas su retenir bon nombre de grands noms néodémocrates, alors que plusieurs députés ont annoncé qu’ils ne se représenteraient pas au prochain scrutin. À 13% d’intentions de vote selon 338Canada, le NPD est talonné par le Parti vert, et la circonscription d’Outremont, où avait été élu M. Mulcair lors de son passage en politique fédérale, marquant l’arrivée d’un premier député néodémocrate au Québec depuis plusieurs décennies, est redevenue libérale lors d’une partielle organisée après le départ de l’ex-chef de la vie politique.
Au Québec, d’ailleurs, le Bloc québécois, donné pour mort après presque autant de chefs que d’années écoulées depuis la victoire de Justin Trudeau en 2015, après les déchirements internes sous Martine Ouellet, au cours desquels une bonne partie de la députation a temporairement fait défection, reprend du poil de la bête depuis l’élection d’Yves-François Blanchet à sa tête. Le parti talonne ainsi les conservateurs au Québec; chaque formation pourrait remporter environ 13 sièges, derrière les libéraux, qui pourraient mettre la main sur 50 des 78 sièges de la province.
L’économie devrait de nouveau se retrouver au coeurs des débats au cours de la campagne électorale, tout comme la question du filet social fédéral. Justin Trudeau semble avoir obtenu du succès en Ontario en associant les partis conservateurs provincial et fédéral, alors que le gouvernement de Doug Ford et ses compressions vivement décriées sont un avant-goût, soutient le chef libéral, d’un éventuel gouvernement Scheer.
Reste à voir si les libéraux sauront conserver leur mince avance, ou si les conservateurs réussiront à convaincre suffisamment de Québécois et d’Ontariens pour leur confier les rênes du pouvoir. Il faudra également rester à l’affût pour déterminer si le NPD sera en mesure de conserver ses maigres appuis au Québec, ou s’il sera cantonné à l’Ontario et en Colombie-Britannique.
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