Découverts en 1947 par des bergers bédouins qui cherchaient une chèvre égarée, les textes hébreux anciens appelés manuscrits de la mer Morte comptent parmi les textes antiques les mieux conservés jamais trouvés. Désormais, une étude effectuée par des chercheurs du MIT et d’autres institutions permet de faire la lumière sur une technologie ancestrale de fabrication de parchemin et pourrait permettre de mettre au point de nouvelles méthodes pour préserver ces documents d’une importance historique sans précédent.
L’étude portait principalement sur un seul de ces manuscrits, appelé manuscrit du temple, parmi les quelque 900 parchemins complets ou partiels retrouvés au cours des ans depuis la découverte des années 1940. Les manuscrits étaient généralement placés dans des jarres et cachés dans 11 cavernes creusées dans les contreforts escarpés au nord de la mer Morte, dans la région entourant l’ancienne ville de Qumrân, détruite par les Romains il y a environ 2000 ans. Pour protéger leur héritage religieux et culturel contre les envahisseurs, des membres d’une secte appelée esséniens ont caché leurs précieux documents dans les cavernes, souvent en les dissimulant sous plusieurs dizaines de centimètres de débris et de déjections de chauve-souris pour tromper les pillards.
Le manuscrit du temple est l’un des plus longs (environ huit mètres) et l’un des mieux préservés de tous les manuscrits, bien que son matériaux soit le plus mince du groupe, soit environ 1/10 de millimètre. C’est aussi la surface la plus claire et la plus branche de toutes. Ces propriétés ont poussé Admir Masic, professeur adjoint au MIT en génie civil et environnemental à s’intéressé à la fabrication de ce parchemin.
Les résultats de cette étude, effectuée en compagnie d’autres étudiants des cycles supérieurs du MIT et d’autres institutions, ont récemment été publiés dans Science Advances. Les chercheurs ont découvert que le parchemin avait été traité de façon inhabituelle, en utilisant un mélange de sels trouvés dans les évaporites, soit le matériau restant après l’évaporation de l’eau salée, mais un mélange qui était différent de la composition retrouvée dans d’autres parchemins.
C’est en fait un fragment du manuscrit du temple, mesurant environ 2,5 cm de côté, qui a fait l’objet des travaux de recherche effectués à l’aide d’une série d’outils servant à établir, en haute résolution, la composition chimique détaillée d’objets de taille relativement grande sous un microscope.
Le fragment en question, qui n’a pas été traité de quelque façon que ce soit depuis sa découverte, « nous a permis de nous pencher en détails sur sa composition originale, ce qui a révélé la présence d’éléments qui se trouvaient là dans des concentrations inhabituellement élevées », a dit M. Masic.
Parmi les éléments découverts, on compte le soufre, le sodium et le calcium dans diverses proportions, le tout réparti à travers la surface du parchemin.
Le parchemin est produit à partir de peaux animales dont les poils et le gras ont été retirés par trempage dans une solution à base de lime (à partir du Moyen-Âge), ou via des traitements aux enzymes ou à d’autres ingrédients (durant l’Antiquité), avant de racler les peaux puis de les étirer sur des cadres pour les faire sécher. Lorsqu’elles sont sèches, leur surface était parfois traitée de nouveaux lors d’un frottage au sel, comme cela fut apparemment le cas pour le manuscrit du temple.
L’équipe n’a pas encore été en mesure de déterminer l’origine de cette combinaison inhabituelle de sels à la surface du manuscrit, a fait savoir M. Masic. Mais il est évident que cette couche protectrice inhabituelle, avec ces sels, qui a servi de surface d’écriture, a aidé à donner cette couleur étrangement blanche, en plus de possiblement servir à aider à sa préservation à travers les âges, a mentionné le chercheur. Par ailleurs, la composition de ce mélange ne correspond pas à celle de la mer Morte, et donc les sels doivent provenir d’un autre endroit, inconnu pour l’instant.
Cette composition unique démontre que le processus de production pour ce parchemin était largement différente de celle des autres parchemins dans la région, poursuit M. Masic: « Ces travaux démontrent exactement que ce mon laboratoire tente d’accomplir – utiliser des outils d’analyse modernes pour découvrir les secrets du monde antique. »
Outre les informations supplémentaires sur les processus de production de parchemins au Moyen-Orient, dont il existait possiblement plusieurs déclinaisons, comparativement à la seule technique employée au Moyen-Âge, les chercheurs estiment pouvoir développer de nouvelles méthodes de préservation des manuscrits. Les dégâts subis par ceux-ci ne découlent d’ailleurs pas principalement du temps écoulé, mais plutôt des tentatives pour les aplanir et les dérouler pour mieux les lire, peu de temps après leur découverte, dit encore M. Masic.
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