Les divisions toujours plus importantes entre démocrates et républicains, aux États-Unis, refléteraient des différences idéologiques profondes, selon la croyance populaire, mais une nouvelle étude évoque une interprétation radicalement différente: cela pourrait n’être qu’une question de hasard.
Il s’agit d’un phénomène que Michael Macy, professeur à l’Université Cornell et directeur du Social Dynamics Laboratory, qualifie de « cascade d’opinion », et dans le cadre duquel des partisans se rattachent à n’importe quelle position émergente qu’ils identifient à leur parti. Les résultats de ces travaux ont été publié dans Science Advances.
Voilà longtemps que les sociologues tentent de déterminer comment se développe la partisanerie politique, et la tendance des principaux partis politiques américains consistant à transformer radicalement leur plateforme est encore plus intrigante.
« Pourquoi les grands partis ont-ils modifié leur position sur des questions telles que le libre-échange, l’équilibre budgétaire, la légalisation de la marijuana, le mariage gai et la confiance envers la science? », s’interroge M. Macy. « Et comment cela se fait-il que les électeurs des deux camps possèdent souvent des avis contradictoires sur le droit à l’avortement et sur la peine de mort? »
L’équipe du professeur Macy a tenté de trouver des réponses en menant une expérience lors de laquelle les chercheurs ont recréé les premiers jours de la formation d’opinions pour voir comment les résultats pourraient être différents si les faiseurs d’opinions avaient occupé des positions arbitraires différentes.
Les chercheurs ont séparé plus de 2000 volontaires démocrates et républicains en 10 « mondes parallèles », chacun isolé des autres. Dans chacun de ces mondes, les participants ont tour à tour rempli un questionnaire en ligne pour indiquer s’ils étaient en accord ou en désaccord avec des questions politiques et culturelles non familières. Dans deux des 10 mondes, le questionnaire était privé, mais dans les huit autres, à toutes les occasions où une personne partisane adoptait une position sur un enjeu donné, tous les autres participants du même monde avaient droit à une mise à jour en temps réel du positionnement de chaque parti.
Les résultats ont démontré comment une poignée de décideurs pouvaient déclencher une cascade à la suite de laquelle les partisans des deux partis adoptaient le nouveau positionnement de leur formation respective, ce qui entraînait éventuellement d’importantes différences politiques. La principale surprise de ces tests fut que le parti qui appuyait une position dans l’un des mondes était tout aussi à risque de s’y opposer dans un autre « univers ».
« Dans un monde, c’était les démocrates qui étaient favorables à l’utilisation de l’IA pour détecter des criminels en ligne, et dans un autre monde, c’était les républicains », a dit M. Macy. « Dans un monde, les démocrates soutenaient les ouvrages classiques, alors que c’était les républicains ailleurs. Dans un monde, les démocrates étaient plus optimistes à propos de l’avenir, tandis que les républicains avaient adopté cette position dans un monde différent. »
Le professeur Macy espère que ces conclusions puissent aider à civiliser le discours politique.
« Dans notre monde, les divisions politiques sont farouchement défendues. Les deux camps finissent par s’énerver, ce qui pourrait indiquer les positions correspondent à des divisions fondamentales profondément ancrées. Mais notre étude porte à croire que ces positions pourraient n’être que des marqueurs identitaires, comme des autocollants apposés sur un pare-chocs, le résultats d’une cascade d’opinions qui poussent les gens à adopter une position à laquelle ils en viennent à s’identifier sur le plan émotionnel. »
« Le fait d’apprendre que les deux partis auraient tout aussi bien pu changer de camp », a ajouté le professeur, « pourrait encourager les gens à réexaminer leurs positions et à écouter le point de vue des gens avec qui ils sont fondamentalement en désaccord ».
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