Peut-on pervertir l’écologie à des fins racistes ? Certains essaient. Car voilà qu’au milieu des « manifestes » de tueurs de l’extrême droite, apparaît un nouveau blâme à mettre sur le dos des immigrants: la destruction de l’environnement.
C’est la découverte qu’a fait le professeur de journalisme Peter Beimart, de New York, en parcourant notamment les textes laissés par l’homme qui a tué 21 personnes, pour la plupart de familles hispaniques, dans un Walmart d’El Paso, Texas, le 3 août, et par celui qui avait tué, en mars, 51 personnes dans deux mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande.
Certes, rappelle Beimart, de tels textes « doivent être traités avec prudence. Ils sont écrits pour gagner de nouveaux convertis. Que les auteurs se soucient ou non de l’environnement est difficile à dire. »
Mais le fait est que ces extrémistes perçoivent une « ouverture ». Longtemps, la gauche la plus progressiste défendait l’environnement en espérant que la droite la plus conservatrice, à défaut d’admettre l’urgence de la situation, accepterait au minimum d’admettre que les dommages causés à l’environnement constituent une réalité. Ce minimum semble à présent faire consensus. Mais les responsabilités font toujours débat à droite, et ces textes pourraient fournir un prétexte à une frange de la population américaine pour balayer cette responsabilité dans la cour des autres.
« Eux » ne se soucient pas de « notre » amour de la nature, « eux » signifie surpopulation, donc « eux » devraient rester où ils sont: « ce dont nous sommes témoins est moins la naissance d’un environnementalisme blanc et nationaliste, que sa renaissance. Dans les premiers temps de l’histoire des États-Unis, le nativisme et l’environnementalisme étaient profondément interreliés. »
La plus grande responsabilité des compagnies dans la pollution et la dégradation des écosystèmes, est pourtant facile à établir, preuves à l’appui.
De même, une personne riche a une empreinte carbone généralement plus imposante qu’une personne pauvre, preuves à l’appui. Mais dans un contexte où, aux États-Unis et dans plusieurs pays européens, l’immigration semble occuper le peloton de tête des préoccupations électorales, le risque que les preuves en question passent au second plan, n’est pas à négliger.
Un peu de vigilance serait de mise, recommande le journaliste britannique Graham Lawton, face à la possibilité de voir émerger ce qu’il appelle un « écofascisme ».
Un mouvement politique non-violent fonctionnera-t-il? Demandons à Newton!