Après avoir exploré pratiquement tous les autres styles musicaux, à l’exception, sans doute, du classique et du darksynth – et encore, il y a certainement un album sur ces thèmes quelque part – les caméléons que sont les gars de King Gizzard & The Lizard Wizard cassent la baraque avec Infest the Rat’s Nest, une première aventure en territoire métal. Et quelle aventure!
Quatre mois à peine après avoir lancé Fishing for Fishies, avec son ton beaucoup, beaucoup plus léger, voilà que les sept larons formant cet étonnant groupe australien troquent les balades et le rock sympathique pour le thrash metal. Que ce soit avec le vidéoclip du premier extrait, Self-Immolate, où les membres du band boivent de « l’essence », ou dans celui du second, Planet B, où ils se font tour à tour « abattre » d’une décharge de fusil à pompe, le ton est donné: ça va frapper fort, accrochez-vous.
De fait, Infest the Rat’s Nest pourrait bien avoir la force de faire décoller le papier peint. Au diable les accords subtils, les essais instrumentaux, la polyvalence généralement démontrée par les musiciens, on cogne ici sur la batterie, on tire des notes grinçantes et acides des guitares électriques, et l’on passe bien près de hurler à gorge déployée dans un micro déjà conçu pour distordre la voix.
Le résultat? Si les puristes du genre pourront certainement affirmer qu’il se fait de la musique encore plus thrash dans le domaine, ce nouvel album (on a perdu le compte du nombre de disques lancés par le groupe) est franchement particulièrement efficace. Témoigne-t-il d’une colère réprimée depuis longtemps par les membres du groupe? Est-ce une façon d’aborder la crise climatique et les problèmes de pollution, de fascisation et de corruption de notre monde, avec entre autres la pièce Planet B, où l’on proclame haut et fort qu’il n’y a pas de planète de secours pour les Terriens? Ou s’agissait-il simplement d’explorer cette zone jusqu’alors en jachère du paysage musical?
Quoi qu’il en soit, Infest the Rat’s Nest démontre, une fois de plus, que King Gizzard & The Lizard Wizard est probablement le groupe le plus polyvalent de la scène musicale actuelle. Et sans doute aussi l’un des plus intéressants… et des plus productifs!
Ce nouvel album s’ajoute ainsi à la liste des essentiels de King Gizzard, et des très, très bons disques à savourer à répétition, ne serait-ce que le temps de faire sortir le méchant.
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