Au Mexique, deux étudiants frappent un grand coup en volant les objets du musée national d’archéologie en 1985. Au-delà de son dénouement banal, le film Museo (2018) d’Alonso Ruizpalacios présente une exploration formelle intrigante.
D’emblée, le cinéaste introduit son film en le désignant comme une réplique de ce qui s’est vraiment passé. Pour un film sur un vol de musée, on s’attendrait à un suspense pendant l’opération, ainsi qu’au long de la fuite pendant laquelle les voleurs cherchent à vendre leur butin pour finalement disparaître à tout jamais. Ce n’est pas tout à fait ce que nous montre le cinéaste puisqu’il a décidé de s’amuser avec la dimension formelle du cinéma. C’est moins le contenu que le contenant qui captive lors du visionnement.
Le fameux Gael García Bernal, que l’on a vu dans les productions de son pays natal Amores Perros (2000) de Alejandro González Iñárritu et Y tu mamá también (2001) d’Alfonso Cuarón, joue le fougueux du duo de voleurs. À la différence de son acolyte introverti, la psychologie de ce personnage est bien ancrée par des scènes de familles. Mouton noir marqué par l’intérêt pour l’archéologie que son père lui a transmis alors qu’il était enfant. À moitié perdu dans ses rêveries, il ne se conforme pas au monde ennuyant des adultes.
Au réveillon de Noël, il crée diversion, emprunte la voiture et embarque son camarade. Le vol est filmé en détail au point de sentir les pièces dans nos mains. Les cloches de verre vide et le sac bien rempli, ils quittent la ville. Le but est de vendre les pièces à un expert qui connait leurs valeurs et qui a les moyens de les acheter. La scène de négociation avec un collectionneur britannique est particulièrement intéressante, la peur d’être dévoilé et dénoncé se dédouble de l’enjeu éthique de l’archéologie à savoir s’il s’agit de pillage ou non.
Le cinéaste met moins en scène la quête d’un héros qu’un décalage entre l’authentique et la réplique. D’ailleurs, la scène de bagarre dans le bar de danseuses ferait pouffer de rire les directeurs hollywoodiens de superproductions d’action tant le découpage des plans est apparent. Le dynamisme n’y est pas. Alonso Ruizpalacios aurait-il créé l’antithèse de la trilogie Indiana Jones de Steven Spielberg qui a vu le jour dans les années 1980?
On croit à la reconstitution de cette décennie sans se référer à des stéréotypes culturels. Certaines influences de l’imaginaire du duo sont clairement identifiables, dont les premiers jeux vidéo à console. Leur génération est indissociable de son environnement, un univers qui s’incarne en matière cinématographique. Le vase, l’assiette ou le collier dérobé au musée revêt sa nature intemporelle en correspondance avec quelques éléments de réalisme magique.
Traitement intriguant, en salles depuis le 16 août.
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