Tous les moyens semblent bons pour étirer la sauce, lorsque l’on détient une série à succès, et The Handmaid’s Tale ne fait malheureusement pas exception. Si l’on a brièvement eu l’espoir que l’épopée dystopique se déroulant dans la terrifiante théocratie de Gilead trouverait un dénouement, cette deuxième saison post-roman de Margaret Atwood fait craindre la poursuite de la dilution d’un scénario déjà mince.
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Après avoir réussi à faire sortir sa fille tout juste venue au monde et son amie de l’enfer, tout en décidant de ne pas fuir immédiatement au Canada, histoire de récupérer son autre fille plus vieille, June poursuit ses machinations. Toujours assignée au personnage interprété par Bradley Whitford, dont on se rappellera le jeu dans The West Wing et dans Get Out, June (Elisabeth Moss) profitera d’une plus grande liberté d’action, certes, mais elle devra convaincre son commandant de risquer gros, plutôt que de tenter de se cacher pour éviter d’attirer l’attention.
Petit à petit, June saura gagner la confiance des domestiques et des autres servantes écarlates, pour finalement échafauder un plan pour tenter de fragiliser le plus possible la structure du pouvoir à Gilead.
Le hic, dans cette troisième saison, c’est qu’environ la moitié des épisodes sont en quelque sorte gaspillés en échanges passablement puérils entre June et sa précédente « famille », ses anciens maîtres (Joseph Fiennes et Yvonne Strahovski) cherchant à récupérer « leur » fille. Commence alors une longue série d’épisodes remplis d’échanges acerbes, de démarches montrant que Gilead dispose toujours d’un pouvoir absolu sur ses citoyens (on le saura), et qu’il s’agit bel et bien d’une théocratie (on le saura, cela aussi). On nous inflige aussi des séances de médiation avec des ambassadeurs suisses, comme si la planète n’avait pas assez de dossiers urgents à traiter… En fait, on semble vouloir nous faire passer d’un extrême à l’autre. Durant un épisode, June pousse une consoeur enceinte à se révolter et à tuer un garde, alors que dans la suite, elle est à son chevet pendant des semaines, dans ce qui est probablement le meilleur épisode de la saison.
On passera également sur la normalisation de la violence, qui n’est plus ici présentée comme étant partie intégrante de la société de Gilead – même si cela est bien le cas –, mais plutôt comme quelque chose qui va choquer les téléspectateurs. Un genre de torture porn, si l’on veut, à l’image de l’orgie de sang et de sexe ajoutée par HBO aux premières saisons de Game of Thrones pour fidéliser une clientèle télévisuelle.
Si la fin de la saison redonne un peu ses lettres de noblesse à la série, la chose sent malgré tout le réchauffé. D’autant plus que l’on n’a plus jamais abordé la question du renouvellement des populations, thème qui est pourtant central à l’existence même de Gilead, et qui semble avoir provoqué une guerre mondiale, du moins dans le roman.
Bref, cette troisième saison de The Handmaid’s Tale aurait raisonnablement pu clore cette série, mais une quatrième saison a été annoncée récemment, et non seulement cela commence sérieusement à sentir le réchauffé, il se dégage maintenant une petite odeur de brûlé chez Hulu, producteur de l’oeuvre. Espérons que la télésérie se termine rapidement, sans que le puis scénaristique ne se tarisse complètement.
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