Le 4 août, le Cachemire a été coupé du reste du monde — téléphone et internet — par le gouvernement indien. Au début de juin, le gouvernement militaire du Soudan avait utilisé la même tactique lorsque des manifestations avaient commencé à prendre de l’ampleur dans la capitale. Or, la recherche tend à montrer que, loin de mettre le couvercle sur la marmite, cela peut empirer le problème.
À travers le monde, depuis le début de 2019, il y aurait eu plus de 120 de ces « coupures d’Internet » (shutdown) organisées par une autorité locale ou nationale (la plupart étant des coupures partielles, pour bloquer l’accès à une plateforme, comme Facebook). La compilation provient du groupe militant Access Now, et encore est-elle probablement incomplète, les dictatures n’ayant pas tendance à les annoncer publiquement.
Mais depuis la première coupure à avoir fait grand bruit, celle de l’Égypte en 2011 pendant le printemps arabe, les données dont on dispose permettent de dire que la tactique a l’effet contraire de celui espéré, selon Jan Rydzak, de l’Université Stanford, en Californie. Selon son analyse de 22 891 manifestations dans diverses régions de l’Inde en 2016 et 2017, les coupures locales semblent être plus souvent suivies d’une escalade des protestations. Une des hypothèses étant qu’en plus d’attiser la colère, ces coupures empêchent les manifestants de continuer à coordonner leurs actions.
Et c’est sans compter les moments où une telle action est décidée pour camoufler des violations des droits humains, comme le suggèrent une étude de 2015 sur les perturbations du réseau en Syrie, et une étude de Human Rights Watch au Myanmar, rapporte le New Scientist.
La seule bonne nouvelle est que même un gouvernement autoritaire peut être sensibilisé au fait que cette stratégie a des coûts économiques. Une étude de l’Institut Brookings de Washington portant sur 81 coupures survenues dans 19 pays entre juillet 2015 et juin 2016 évalue la facture à une diminution du PNB de 2,4 milliards de dollars.
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