Il y a de nouveau péril en la demeure: selon le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), il faut urgemment modifier les méthodes employées pour nourrir la population terrestre, à défaut de quoi l’humanité ne sera plus en mesure de subvenir à ses besoins alimentaires.
Surexploitation des terres et impacts des changements climatiques forment ainsi un cocktail toxique qui laisse bien peu de temps aux décideurs pour modifier la façon dont fonctionne l’industrie agroalimentaire afin d’éviter l’épuisement des ressources et de graves problèmes de famine de par le monde. Cela passe entre autres par une profonde transformation des habitudes alimentaires, pour passer à un régime plus faible en viande, dont la production nécessite de grandes quantités de ressources et dégage une forte pollution de l’eau, de l’air et des sols.
Au cours de la présentation du rapport à Genève, les experts du GIEC ont soutenu qu’une meilleure gestion des terres agricoles permettrait ainsi de contribuer à la lutte contre l’urgence climatique, mais qu’il ne s’agissait pas de la seule solution. Pour atteindre l’objectif essentiel consistant à assurer une production alimentaire suffisante pour une humanité qui continue de croître, il est impératif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de « tous les secteurs » afin de maintenir le réchauffement climatique sous les 2 degrés Celsius, voire 1,5 degré, tel que stipulé dans l’accord de Paris sur le climat, en 2015.
« Les terres jouent un rôle important dans le système climatique », a déclaré Jim Skea, coprésident du groupe de travail III du GIEC. « L’agriculture, la sylviculture et d’autres types d’utilisation des sols sont responsables de 23% des émissions de gaz à effet de serre humaines. Dans le même temps, les processus terrestres naturels absorbent du dioxyde de carbone équivalent à près du tiers des émissions de dioxyde de carbone provenant des combustibles fossiles et de l’industrie », a-t-il ajouté.
De son côté, Hans-Otto Pörtner, coprésident du groupe de travail II du GIEC, précise que « les terres déjà utilisées pourraient nourrir le monde dans un climat en mutation et fournir de la biomasse pour les énergies renouvelables, mais une action rapide et ambitieuse dans plusieurs domaines est nécessaire ». Les ressources nécessaires existent donc déjà, mais sont généralement gaspillées, y compris lorsqu’il est question du gaspillage alimentaire, lors duquel des millions de tonnes de nourriture comestible se retrouvent, tous les ans, dans les dépotoirs, principalement en Occident.
500 millions d’humains dans de futurs déserts
« Les choix que nous faisons en matière de gestion durable des terres peuvent aider à réduire et, dans certains cas, à inverser ces effets néfastes », a déclaré Kiyoto Tanabe, coprésident du groupe de travail sur les inventaires nationaux de gaz à effet de serre, dans la note d’information publiée sur le site internet des Nations unies.
Un demi-milliard de personnes vivent par ailleurs dans des régions touchées par la désertification, que ce soit des suites de l’érosion des terres arables, de la trop importante exploitation agricole, ou des transformations du climat. Cette situation est également empirée par la croissance de la population mondiale.
Comment lutter, alors, contre ce phénomène planétaire? En gérant mieux les terres cultivables, d’abord, écrivent les auteurs du rapport du GIEC, ainsi qu’en adoptant des normes plus strictes en la matière.
Les experts estiment par ailleurs qu’il faudra mettre en place des processus pour renverser la vapeur en matière de dégradation des terres, entre autres avec des efforts de restauration.
Il faudra également réduire considérablement la quantité de viande consommée, alors que l’élevage animal occupe une très grande partie des terres arables, en plus de polluer l’environnement. Place, donc, aux légumineuses et à la diversité alimentaire. Sans oublier la diminution des terres consacrées à la monoculture.
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