L’heure devait être au recueillement, mais c’est avec une défiance renouvelée envers ses détracteurs que le président américain Donald Trump a entamé une visite double, mercredi, sur les lieux des fusillades mortelles survenues la fin de semaine dernière à Dayton, en Ohio, et à El Paso, au Texas.
Arrivé d’abord à Dayton, là où Connor Betts aurait ouvert le feu, tuant neuf personnes en moins d’une minute, M. Trump s’est rendu à l’hôpital Miami Valley pour rencontrer les blessés. Selon ce que rapporte le New York Times, le président doit honorer les victimes, conforter les familles et remercier les intervenants d’urgence « pour leurs gestes héroïques ».
L’ambiance était toutefois déjà particulièrement tendue, alors que le bouillant président a consacré les dernières journées, depuis les événements de samedi, à d’abord tenter de se placer au-dessus de la mêlée politique en affirmant que « la suprématie blanche doit être combattue », puis à attaquer ses adversaires politiques en affirmant que « mes critiques ne cherchent qu’à marquer des points ».
Rapidement visé par plusieurs candidats à l’investiture démocrate pour ses propos qualifiés de « racistes » et jugés similaires à ceux du tireur d’El Paso dans son présumé manifeste publié en ligne – les deux parlent entre autres d’une « invasion » en provenance du Mexique et des autres pays d’Amérique Centrale et du Sud, le président s’est vivement défendu, attribuant plutôt les fusillades à « de graves problèmes de santé mentale », en plus de parler des problèmes liés « à la prolifération de plateformes toxiques en ligne » et aux « jeux vidéo violents ».
Bien qu’il ait été démontré, depuis bientôt une trentaine d’années, qu’il n’existe aucun lien entre les jeux vidéo violents et le fait de commettre des actes violents dans la vraie vie, y compris le fait de commettre des fusillades, une bonne partie de l’establishment du Parti républicain a ressorti cet argument, alors que d’autres figures importantes du parti, dont le vice-président Mike Pence, ont soutenu que les Américains avaient « déserté les églises », ce qui avait mené à la « dépravation morale » des États-Unis.
Certains responsables républicains moins importants ont même évoqué le mariage homosexuel ou encore les droits des trans comme autant de cause de ces fusillades. Tous les arguments semblaient bons, sauf celui d’un accès facile aux armes à feu.
Toujours selon le président Trump, le tireur de Dayton, en Ohio, « était un admirateur (de la candidate à l’investiture démocrate) Elizabeth Warren et de la mouvance antifa ». Rien, toutefois, sur le tireur d’El Paso, au Texas, où 22 personnes, dont plusieurs ressortissants mexicains, ont été abattus à l’aide d’une arme automatique, le tout supposément en lien avec ce manifeste d’extrême droite publié sur la plateforme toxique qu’est 8chan.
À Dayton, comme à El Paso, des manifestations sont prévues, et des dirigeants locaux ont spécifiquement écrit au président pour lui demander de ne pas se présenter, surtout pas si peu de temps après les tragédies.