Quelle idée absurde que de vouloir se réapproprier la franchise que nul autre que Guillermo Del Toro s’était si bien attribuée. C’est néanmoins ce qu’ont tenté quelques courageux, donnant droit à la proposition la plus indescriptible de l’année. Quelle chance, vous pouvez enfin visionner cette édition 2.0 de Hellboy directement dans le confort de votre salon!
Disons-le d’emblée, cette nouvelle mouture de Hellboy ne fonctionne pas, mais pas du tout. Pourtant, quelque chose d’inusité se produit au fil de l’écoute et des deux impressionnantes heures qui composent le film. On en éprouve une fascination indéniable pour tenter de découvrir jusqu’où le long-métrage aura envie de s’enfoncer, et dans ce domaine, disons qu’il ne déçoit jamais.
Il ne fallait pas en demander plus du scénariste Andrew Cosby dans sa première (et peut-être dernière?) proposition, sauf que le réalisateur Neil Marshall demeure tout de même difficile à qualifier. S’il s’associe régulièrement avec des noms importants, ses films sont rarement transcendants ou mémorables, alors qu’il a quand même trouvé le moyen de participer à plusieurs téléséries bien acclamées.
Il faut également admettre que les revirements ne tardent pas, l’histoire est riche en rebondissements (souvent plus difficilement imaginables les uns que les autres, d’ailleurs) et la distribution s’éclate, surtout avec des répliques pince-sans-rire et constamment humoristiques qui par moment touchent bien leurs cibles.
Que ce soit un David Harbour en pleine forme (on n’osera pas se lancer dans le jeu des comparaisons avec Ron Perlman, toutefois), une irrésistible Sasha Lane ou un Ian McShane prêt à tout pour accomplir ce qu’on lui demande, pendant que Daniel Dae Kim s’en sort bien de la controverse qui a failli voir son rôle interprété par un acteur « pas de la bonne ethnie ».
Certes, Milla Jovovich en fait encore des tonnes, et il est difficile de lui attribuer un quelconque talent, surtout lorsque son mari de ville n’est pas là pour en prendre soin, mais l’unique Thomas Haden Church vaut pratiquement le visionnement à lui-seul avec un rôle de soutien minime, mais complètement déjanté. Enfin une revanche côté bande dessinée après son passage vite oublié dans le tristement célèbre Spider-Man 3 de Sam Raimi.
Pourtant, l’oeuvre n’a ni queue ni tête (les liens avec la légende d’Excalibur, notamment), on va dans toutes les directions et la quasi-totalité des effets spéciaux sont si mal faits que nos yeux ont de la misère à y croire (le passage avec les géants est rapidement anthologique, semblant provenir de quelques décennies en arrière). Comme si on assistait à une version non-complétée du film.
Il est par ailleurs épatant que malgré sa collaboration à des gros blockbusters, Lorenzo Senatore semble incapable de pondre une direction photo un tant soit peu crédible et fonctionnelle, alors que Martin Bernfeld est tout simplement dans l’incapacité de faire le montage d’un film recommandable.
Bien sûr on nous confectionne des passages plus ou moins efficaces (le segment avec Baba Yaga, entre autres), mais si le film ne nous ennuie jamais, on se demande constamment pourquoi diable sommes-nous en train de voir tout ce qui se déroule devant nous.

Si la version DVD vient seulement avec une traduction française, le blu-ray regorge de suppléments, dont des scènes supprimées et des moments de tournage.
Avec ses scènes cachée dans le générique et à la toute fin, il est difficile de comprendre l’assurance du projet qui semble décidément penser se lancer dans sa proche franchise digne de Marvel. Si nous ne sommes pas encore prêt de déclarer que le film pourrait bien devenir culte (on n’a pas le culot de la Jovovich après tout), on doit admettre que pour tous ces moments où il a su nous laisser pantois, qu’importe les raisons, volontaires ou non, Hellboy est avec surprise un mauvais film efficace qu’on n’oublie pas de sitôt.
4/10
Hellboy est disponible en DVD, en combo blu-ray 4K / blu-ray et combo blu-ray / DVD via VVS Films depuis le 23 juillet dernier.