Plus riche que Bill Gates, Elon Musk et Mark Zuckerberg, le président-directeur général d’Amazon, Jeff Bezos, demeure une figure du progrès associée aux géants des nouvelles technologies. La grève du 15 juillet mené par des employées d’un entrepôt situé en banlieue de Minneapolis laisse douter de cette réputation.
Au Prime Day, le plus important événement de magasinage organisé par Amazon chaque année, les employés de l’entrepôt de Shakopee, dans l’État du Minnesota ont quitté leur poste pour une durée de six heures. Piquetant devant leur lieu de travail, ils revendiquaient un rythme de travail moins épuisant et l’élimination des postes temporaires, rapporte Spencer Cox, étudiant au doctorat en géographie à l’Université du Minnesota, au Guardian, selon l’édition du 16 juillet. Minime en apparence, cette action d’employés non syndiqués survient à un moment de l’histoire des États-Unis où moins de 10% de la population est membre d’un syndicat, le taux le plus bas des pays développés.
Les revendications sont relatives à la façon radicale de réorganiser le processus de la vente au détail d’Amazon, que la tâche soit de plier des vêtements ou de ranger des livres. Reconcevant la chaîne de montage, le rythme de travail est dicté par des algorithmes, des robots et un système de surveillance afin de discipliner les mouvements des travailleurs à la seconde près, explique l’étudiant Cox au Guardian. Le taux de rendement est mis en place pour chaque poste à un rythme que seulement 75% des travailleurs sont capables d’atteindre. Ce taux de rendement est élevé à chaque embauche et congédiement.
«Entre le mois d’octobre 2013 et le mois d’octobre 2018, des travailleurs d’urgence ont été convoqués aux entrepôts d’Amazon au moins 189 fois pour des tentatives de suicide, des pensées suicidaires et autres épisodes de maladie mentale», rapporte le Daily Beast au mois de mars.
Investir dans la presse
Sur son site internet, le Washington Post soutient que la vague technologique a créé une trop forte compétition entre les médias écrits traditionnels et ceux exclusivement en ligne, note Radio-Canada le 5 août 2013 au moment de rapporter la vente du groupe The Washington Post Co à Jeff Bezos pour la somme de 250 millions de dollars.
Le Washington Post a réservé une annonce d’une minute lue par l’acteur Tom Hanks diffusée par la chaîne de télévision CBS pendant le Super Bowl, le 3 février 2019. Lors de cet événement, les pauses publicitaires coûtent 5 250 000 $ pour un message de trente secondes, ainsi le Monde diplomatique estime que la diffusion de cette publicité a coûté l’équivalent de son chiffre d’affaires annuel, dans le numéro de juin. Cet investissement est-il le signe d’une méconnaissance des priorités de la presse de la part du propriétaire d’un grand quotidien?
Sur fond de grève dans les entrepôts et points de vente d’Amazon, si le Washington Post répète le même favoritisme accordé à Hillary Clinton au détriment de la candidature de Bernie Sanders lors de la course à la chefferie du Parti démocrate en 2016, Jeff Bezos se trouverait dans une position délicate, voire de conflit d’intérêts.
Les grévistes étant représentés par l’aile gauche du Parti démocrate, Jeff Bezos serait-il tenté d’utiliser son organe de presse pour régler un conflit de travail et assurer sa prospérité?