After aurait bien pu être la quintessence de la romance adolescente débordante de clichés dans sa forme la plus nulle possible. Pourtant, en connaissant très bien son public cible, au risque de le pervertir, cette adaptation d’une fan fiction du groupe One Direction s’en sort avec une révélation qui détonne.
C’est l’éternel Roméo et Juliette et compagnie ressassé encore et encore selon les époques en jumelant ce qui est dépareillé. La petite fille de bonne famille studieuse qui se fait pervertir par le collège lorsqu’elle délaisse sa mère qui l’a élevée seule et qui souhaite le meilleur pour elle et son petit-ami / meilleur ami depuis toujours, lui qui est naïf et plus jeune qu’elle, avec qui elle n’a jamais fait l’amour.
Après le calme suivant les thématiques plus fantaisistes, After se rapproche davantage des Fifty Shades of (c’est une trilogie, après tout et l’autre était une fan fiction de Twilight) et s’intéresse à la perversion de l’innocence, littéralement. Moins intense que sa source, le film a beau rester très en surface et plutôt sage, il n’en demeure pas moins que ce qu’il expose dans ses thématiques et idéologies devient rapidement problématique, surtout pour un public plus jeune probablement déjà en déroute.
Drogue, tattoo, alcool, sexe, polygamie, homosexualité, tout y passe. L’univers de la jeune Tessa pourrait virer au cauchemar, mais s’en tiendra au drame lorsque son chemin croisera celui du ténébreux Hardin (évidemment britannique pour le côté exotique et s’habillant pratiquement exclusivement en noir pour afficher son côté sombre).
Absurdité humoristique
D’emblée, tout y est ridicule et appuyé et il est difficile de ne pas sourire ou s’esclaffer involontairement en entendant plusieurs répliques. Sans tomber dans la liste des énumérations, on y retrouve de nombreux éléments de convenance des films du genre, arrangés ici pour les besoins de la production.
Si les publicités ont jouées la carte intensifiée du terrible secret, on se demande pendant longtemps vers où le tout peut bien se diriger, surtout s’ils veulent se lancer dans une véritable trilogie (et un prequel si les choses vont vraiment trop bien, évidemment). Pourtant, si l’on fait fi de la logique et du charisme discutable qui se dégage des interactions entre les acteurs, la sœur de l’autre et le neveu de (la notoriété n’est jamais très loin à Hollywood), il y a une révélation qui fait pâlir d’envie l’ennui qui se faisait ressentir des films avec Christian Grey.
Certes, la sexualité ici y est allégée, on n’y voit pas de fesses ou de seins, et on exagère le côté romantique (on comprendra pourquoi ensuite), tout en appuyant des moments ridicules de ralentis, mais la banalité prend un détour inattendu lorsque la chute du film se lance en plein terrain que De Palma n’aurait décidément pas renié.
Certes, avec des indices jusqu’à en vomir et des répliques seulement faites pour essayer de faire deviner le revirement pratiquement Shyamalan dans l’exécution, on ne parlera pas de subtilité. Pourtant, une fois qu’on connaît le but de l’ensemble, plus rien n’importe. Que ce soit le cover de Complicated d’Avril Lavigne, l’horrible garde-robe de la costumière visiblement aveugle, ou cet abus des messages textes inclus dans l’écran, on oublie tout ce qui compte, puisqu’on apprécie grandement que le film nous livre quelque chose de choquant pour nous pousser à en vouloir plus (les influences de la télévision et ses éternels cliffhanger obligent).
Bien que film s’étire au-delà de l’heure et demie, et que ce n’est certainement pas pour développer intelligemment ou avec cohérence la psychologie et le passé de ses personnages (le père absent, la mère morte, etc.), on apprécie au moins que le film nous laisse de quoi sustenter, n’en déplaise à l’abus de romance sirupeuse caramélisée au possible pour faire ramollir le public visé. Une scène de fuite de la bibliothèque de l’école est d’ailleurs d’une stupidité sans nom, mais probablement adorable pour ceux déjà bien impliqués émotionnellement dans l’épopée.
Reste alors le début d’une franchise inutile parmi tant d’autres et bien que le film ne soit pas clair sur son avis à propos de l’amour (c’est bien ou c’est mal? Branchez-vous!), ni même ses valeurs (on se concentre sur ses études ou perdre sa virginité?) on avouera avoir vu probablement bien pire dans cette exécution très générique de ce que ceux concernés auront envie de voir.
En attendant, on comptera les dodos avec modération avant la suite inévitable histoire de voir s’ils trouveront le moyen de pimenter encore davantage cette romance aux circonstances inattendues quoique résolument modernes.
Renommé After – La rencontre dans sa version française, le DVD ne comporte aucun supplément, mais la version blu-ray en a quelques-uns, dont des scènes supprimées.
Histoire de mettre son cerveau à off et de faire palpiter son petit cœur déjà ramolli avec quelque chose de ridicule, mais d’efficace (jusqu’à un certain point), on aura vu pire, et on se dira que le public averti appréciera probablement cette étrange proposition.
5/10
After est disponible en DVD et en Blu-ray via VVS Films depuis le 9 juillet dernier.
Un commentaire
Pingback: Pour-bientot.com