Réal Godbout et Laurent Chabin, respectivement dessinateur et romancier, font équipe pour donner naissance à une oeuvre sombre. Au programme: Quand je serai mort, une bande dessinée à l’odeur douce-amère à paraître bientôt aux éditions La Pastèque.
Injustement condamné à 10 ans de prison pour meurtre, Léon Obmanchik n’a pas vraiment d’avenir devant lui. Et s’il retrouve immédiatement Anita, une travailleuse sociale qui l’a aidé alors qu’il se trouvait derrière les barreaux, son obsession ne tient qu’en une seule chose: se venger de celui qui lui a fait porter le chapeau. Et, accessoirement, retrouver celle qu’il aimait, et avec qui il aurait eu un enfant juste avant d’entrer au pénitencier.
S’engage alors une sorte de chasse à l’homme, Anita tentant de retrouver Léon par tous les moyens avant qu’il ne soit trop tard. Devant les yeux de notre protagoniste, un quartier Saint-Henri qui a changé en 10 ans, mais qui demeure un lieu un triste, une zone pauvre de Montréal. Entre les tours à condos qui poussent sur les rives du canal Lachine, on trouve encore des îlots de misère, des friches industrielles abandonnées, des sans-abri qui campent sur des terrains vagues. On trouve aussi de la violence, beaucoup de violence, y compris dans le réseau des bars de danseuses sous l’emprise du crime organisé. Bref, on est bien loin des publicités immobilières et des rendus architecturaux remplis de jeunes couples dynamiques et de mamans qui poussent des poussettes.
Quand je serai mort est donc une histoire triste, très triste – si le titre n’avait pas déjà mis la puce à l’oreille en ce sens. Si le dessin est détaillé et fort bien exécuté, les traits sont lourds, pesants, presque violents. Idem pour les postures des personnages. Ceux-ci sont toujours pressés, toujours déterminés, même lorsque leur quête manque de sens.
Si l’on apprécie certainement le côté dramatique de l’ensemble, avec cette vue de Montréal que l’on cache généralement à la population, on peut cependant déplorer la faiblesse relative de l’intrigue. Sans donner ici trop de détails qui gâcheraient le plaisir de la lecture, on aurait apprécié que l’histoire se prolonge quelque peu, histoire d’obtenir une conclusion un peu plus satisfaisante. Mais c’est le propre de la vie: rien n’y est jamais vraiment comme on le souhaiterait. En ce sens, MM. Godbout et Chabin ont atteint leur but.
Quand je serai mort, de Réal Godbout et Laurent Chabin, publié aux éditions La Pastèque, 78 pages.
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