Les astronautes d’Apollo, il y a 50 ans, étaient presque tous des aviateurs, des pilotes d’essai, avec un penchant pour le risque. Mais les différentes agences nationales qui commencent à envisager un retour vers la Lune, ont intérêt à décider le plus tôt possible de ce que seront leurs besoins: quelles seront les tâches confiées aux hommes et femmes qui iront là-haut?
Si nous y allons pour de l’exploitation minière, « alors disons-le », déclare dans le New Scientist l’anthropologue Lisa Messeri, de l’Université Yale. Si c’est pour de la recherche, comme sur les différentes bases de l’Antarctique, ça suppose une préparation différente, plusieurs années à l’avance. Si c’est « pour avancer les frontières de l’humanité et inspirer la prochaine génération, très bien, alors envoyons des artistes ». Aucune de ces décisions ne serait illégitime, poursuit Messeri: l’erreur serait de reproduire le modèle qui a servi dans les années 1960.
Le milliardaire Jeff Bezos est le seul, dans la dernière année, à avoir évoqué la moins inspirante exploitation minière, mais il est certain que pour établir une base permanente, il en faudra. Le directeur de l’Agence spatiale européenne a pour sa part évoqué un « village lunaire international » où chaque groupe pourrait poursuivre ses propres objectifs, mais cette idée rappelle aussi le flou juridique qui entoure la Lune: si deux groupes veulent exploiter un réservoir de glace enfoui près du pôle sud, la règle du premier arrivé, premier servi, s’applique-t-elle ? Si des radio-astronomes souhaitent une zone libre de toute interférence radio sur la face cachée, qui en décidera? Et si la beauté de l’environnement lunaire apparaît soudain comme quelque chose d’unique qu’il faut préserver, faudra-t-il envoyer là-haut des écologistes et des agents de conservation de la première réserve naturelle extraterrestre?
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