Christian Bégin est un passionné. Ou aime-t-il vivre dangereusement? Le fait est qu’après s’être aventuré du côté des aliments préparés et du café, voilà que le comédien et animateur de l’émission épicurienne qui porte son nom se tourne vers les vignobles avec le lancement des Curieux vino. Entretien.
« Depuis 12 ans, à Curieux Bégin, l’un de mes moteurs, c’est de mettre en lumière des producteurs, des productrices, des agriculteurs, des agricultrices; j’ai toujours dit que si l’on met un visage sur une carotte, on ne goûte pas notre carotte de la même façon, on ne met pas nos mains dans nos poches de la même façon lorsque vient le temps d’acheter la carotte, parce que l’on comprend qu’elle a été produite, cette carotte-là, par quelqu’un qui existe, qui a une histoire, et qui se lève le matin pour que ça pousse, cette carotte-là », confie l’animateur au bout du fil.
« Je trouve qu’on a rompu le lien entre les agriculteurs et le public, ce qui fait que l’on mange souvent de façon anonyme », poursuit-il, tout en notant que, depuis 12 ans, qu’une évolution s’est produite de ce côté, et que les consommateurs sont davantage intéressés de connaître « l’historique » de leurs aliments, et donc de prendre conscience des efforts consentis pour que leurs produits alimentaires parviennent jusqu’à leur table.
Cette idée de lier producteurs et consommateurs est à l’origine de la création de la Curieuse compagnie, qui s’est donné pour mission de mettre en marché des produits locaux qui devaient uniquement être réchauffés avant d’être cuisinés, et qui ne comportaient pas d’agents de conservation. Ces produits, dont la première vague regroupait surtout des plats traditionnels, dont des pâtés et des tourtières, ont été mis en vente dès 2017. Et les échantillons testés par ce journaliste à l’occasion de la sortie de ces repas et à-côtés étaient tout à fait à la hauteur des attentes, et même plus.
Le hic, à l’époque, était le prix. Les consommateurs accepteraient-ils de payer davantage pour des produits de meilleure qualité, ou auraient-ils encore et toujours tendance à rechercher une solution plus avantageuse pour le portefeuille, qui à sacrifier un peu de la qualité? Bégin le reconnaît: l’aventure n’a pas fonctionné.
« Lorsque les gens goûtaient, ils voyaient la différence et achetaient les produits », mentionne celui qui a effectué plusieurs dizaines de démonstrations dans les supermarchés. Impossible, toutefois, de passer ses fins de semaine à l’épicerie à faire goûter ses produits. Ultimement, vendre des produits haut de gamme aux côtés des pâtés, tourtières et ragoûts de boulettes moins chers (mais moins bons) a fait en sorte que les Curieux produits ont éventuellement déserté les tablettes. Le comédien, lui, a perdu de l’argent dans l’aventure.
Christian Bégin est-il amer? À l’écouter, on le sent un peu échaudé; on le serait à moins. Cela ne l’a pas empêché de lancer son café moussonné, l’année suivante, café qui est toujours en vente, au grand plaisir des cafféinomanes de Pieuvre.ca.
L’attrait de la vigne
Et cette fois, c’est vers le vin qu’il se tourne. En ayant en tête, bien sûr, l’extraordinaire parodie de son personnage de Curieux Bégin interprétée d’une main de maître par Marc Labrèche. « Ce qui est le plus drôle, dans tout ça, c’est que je crois que je n’ai jamais dit « vino » dans l’émission », souligne Bégin.
Pour cette nouvelle étape, il a fallu jouer (un peu) de prudence, en se tournant vers d’excellents vins, certes, mais des vins également abordables. Christian Bégin s’est adjoint l’aide de la maison de vins Louis Roche pour sélectionner un blanc et un rouge, tous deux français, afin de lancer la marque, en quelque sorte. Et puisqu’il s’agit d’un projet signé Bégin, on y a ajouté une touche de folie, non seulement en nommant les vins en fonction des vignerons – on a ainsi droit au « rouge de Jean-François », mais aussi au « blanc de Philippe » –, mais aussi en apposant les visages desdits vignerons sur l’étiquette. De quoi combiner le côté taquin de l’animateur et son désir de lier producteurs et consommateurs.
Le projet Curieux vino ne s’arrête pas là, puisque Christian Bégin vise aussi les produits québécois, une fois la machine bien lancée. Au programme: des vins plus « funky », possiblement en plus petites quantités. L’animateur a soif d’expérimentation, cela se voit.
Et quid des curieux produits, dans tout ça? Bégin ne baisse pas les bras, et envisage un concept d’épicerie-restaurant qui porterait lui aussi le préfixe « curieux », et où il serait donc possible d’acheter, mais aussi de déguster les divers produits imaginés par Christian Bégin et son équipe. Les amateurs de bonne chère et de bon vin n’ont donc qu’à bien se tenir… Pour y parvenir, toutefois, le comédien aura besoin d’une aide financière. D’ici là, le Curieux vino est disponible à la SAQ. Santé!
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