Les Raconteurs ont-ils vraiment besoin d’aide? Les quatre compères ont beau avoir titré leur troisième album Help Us Stranger, le supergroupe prouve sans l’ombre d’un doute qu’il est tout à fait capable de lancer deux excellents albums rock, de prendre une pause de près d’une dizaine d’années et de relancer leur projet musical avec un nouveau disque plus accompli, plus complet, plus intemporel.
Qui se souvient de Broken Boy Soldiers et de Consolers of the Lonely? Les noms évoquent un spectaculaire concert donné il y a de cela une décennie à Montréal, avant que Jack White et ses trois collègues, Brendan Benson, Patrick Keeler et Jack Lawrence, se séparent pour se tourner vers d’autres horizons.
Personne n’est demeuré inactif, cependant. Impossible de passer à côté de White, qui est allé du côté des Dead Weather avec Lawrence, une collaboration qui donnera naissance à trois albums plus conceptuels, plus tripatifs. Jack White, jamais à court d’idées et d’inspiration, a aussi lancé trois albums personnels entre 2012 et 2018, en partie durant sa collaboration avec The Dead Weather.
Et 11 ans plus tard, personne n’y croyait plus, l’idée d’un troisième album des Raconteurs était morte et enterrée, ayant été torpillée par Brendan, en 2014, qui a affirmé qu’une reformation du groupe était « hors de toute considération », du moins selon son point de vue.
Il ne faut cependant jamais perdre espoir, semble-t-il, et voilà donc Help Us Stranger qui déboule dans les bacs des disquaires, ou plutôt qui apparaît sur les étalages des marchands de musique en ligne. Au menu: du rock, bien sûr! Un rock poussé, développé, un rock même plus assumé, plus approfondi que sur les deux disques précédents, avec, en trame sonore, toute l’ingéniosité dont les membres du groupe peuvent faire preuve.
On retrouve donc avec un plaisir non feint ces guitares un peu sales, cette distorsion en filigrane des différentes pièces, avec la voix inimitable de White. Sans oublier les rythmes parfois endiablés, parfois plus lents de la troupe. Certaines des meilleures chansons des deux premiers disques du groupe étaient des balades (Rich Kid Blues, pour ne nommer que celle-là, ou encore la fantastique Blue Veins), et The Raconteurs s’en donne à coeur joie en combinant pièces endiablées, rythmes délirants, et passages plus tranquilles.
Sans trop s’éloigner du style original, Help Us Stranger permet au groupe de suffisamment se renouveler pour éviter d’avoir l’impression que le style des musiciens n’a pas évolué en 11 ans d’absence. Heureusement, on n’a pas non plus forcé la dose et présenté un groupe complètement transformé, aux rythmes et sonorités impossibles à reconnaître. The Raconteurs a vieilli comme du bon vin, et ce troisième album se savoure lentement, à petites gorgées, à l’image d’un vin capiteux, dont les diverses saveurs se mélangent en créant une combinaison unique au monde.