Connu comme l’un des meilleurs DJ de Belgique, Kid Noize ajoute une corde à son arc, en se faisant à la fois coscénariste et protagoniste de L’homme à la tête de singe, une bande dessinée explorant l’imaginaire éclaté de l’artiste.
L’adolescence n’est jamais une période facile, mais après le décès de sa mère et un déménagement dans une autre ville imposé par son père, Sam traverse un véritable calvaire. Loin de ses amis et victime d’intimidation à sa nouvelle école, l’avenir n’a jamais paru aussi sombre au jeune homme quand, un beau soir, il rencontre Kid Noize, un homme affublé d’une tête de singe qui prétend avoir fait le voyage depuis la dimension parallèle de Nowera au volant de sa Mustang afin de lui remettre une boîte ne contenant rien de moins que les clés de son destin, ce qui serait une excellente nouvelle si le livreur étourdi n’avait égaré le paquet en cours de route. Ignorant s’il doit croire ou non cet individu louche, Sam partira tout de même à la recherche du colis disparu, au cas où son contenu s’avèrerait déterminant pour le futur.
Portant une prothèse faciale de singe lors de chacune de ses apparitions, le disc-jockey et compositeur belge Grégory Avau (mieux connu sous le nom de Kid Noize) possède une démarche artistique fort intéressante, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, la bande dessinée qu’il a coscénarisée et qui porte son nom ne propose pas un récit biographique, mais bien un conte de fée moderne dans lequel le musicien s’incorpore en tant que personnage, devenant une sorte de messager du destin. S’il aidera un adolescent troublé à trouver sa propre voie dans ce premier tome intitulé L’homme à la tête de singe, cette histoire fantastique ouvre la porte à toutes sortes de missions rocambolesques pour le célèbre DJ et son fidèle compagnon Raymond, un bouledogue doué de parole qui a tendance à se prendre pour Jiminy Cricket.
Les dessins de Otocto font le pont entre l’esthétique des mangas japonais, et la culture des tagueurs et du hip hop. L’illustrateur fait preuve d’une belle inventivité dans Kid Noize, que ce soit avec son portal triangulaire à travers lequel la Mustang du DJ passe d’une dimension à l’autre, ou ses scènes d’action originales, comme une attaque de corbeaux repoussée à la bonbonne de peinture en aérosol. Peuplées d’une faune hétéroclite et bigarrée digne de la cantina de Star Wars, les planches dépeignant Nowera sont visuellement beaucoup plus riches, et pour départager les deux univers du premier coup d’œil, les séquences se déroulant dans la « réalité » sont imprimées sur fond blanc, et celles prenant place dans le monde parallèle sur fond noir, un procédé graphique simple, mais efficace.
Avec cette fable iconoclaste sur le destin, Kid Noize prouve qu’il manie aussi bien le son que l’image, et la bande dessinée L’homme à la tête de singe devrait inspirer tous les adolescents par son message positif, et son univers singulier.
Kid Noize, T1 : L’homme à la tête de singe, de Otocto, Kid Noize et Kid Toussaint. Publié aux Éditions Dupuis, 64 pages.
Un commentaire
Pingback: Critique Kid Noize - Patrick Robert