Il aura fallu près de trois ans pour comprendre. Trois ans, oui, et environ 200 heures de jeu pour bien saisir toute la profondeur et l’intérêt d’Elite: Dangerous, le simulateur spatial développé par Frontier Developments. Exigeant, ce titre? Absolument. Mais cet investissement en temps et argent est-il justifié? Oui… et non.
Bien sûr, beaucoup de choses ont changé depuis le lancement du jeu, en 2014, voire même depuis la précédente incursion journalistique dans cet univers, publié en nos pages il y a pratiquement deux ans jour pour jour. Les développeurs continuent de mettre la main à la pâte, raffinant ici certains aspects du jeu, arrondissant là des angles un peu trop aigus au goût de plusieurs… Outre ces modifications et ce processus d’amélioration perpétuelle, les développeurs ont eu la brillante idée, il y a quelques semaines, de créer une région galactique où les nouveaux joueurs pourraient évoluer sans crainte d’être lâchement attaqués par des pilotes plus expérimentés, et où les missions, distribuées dans une « bulle » galactique de taille réduite, permettraient de se faire la main sur les divers aspects et métiers du jeu, sans devoir parcourir des distances trop importantes ou s’enterrer soi-même sous les guides et les suggestions fournies par les développeurs ou les joueurs.
Après tout, c’est un peu cela, Elite: un mélange d’exploration, de combats spatiaux et de missions de transport de toutes sortes. Les missions s’enchaînent, varient bien souvent en durée, en complexité, en importance, et bien entendu en taille de la récompense offerte. Mais le jeu est plus que cela, et c’est cette différence qui a nécessité les 200 heures de jeu, et fait en sorte que le titre a été délaissé pendant plusieurs mois, avant de susciter un intérêt renouvelé en raison de l’arrivée, dans la galaxie, d’un ami de ce journaliste.
L’ami en question a rapidement fait ce que le journaliste avait omis de faire: il s’est renseigné. C’est bien beau d’accepter les missions offertes par le jeu, et de se faire donc largement prendre par la main pour aller du point A jusqu’au point B, et bien souvent retour au point A, mais Elite devient un jeu extraordinaire quand on choisit justement de sortir des sentiers battus. Après tout, pourquoi aurait-on incorporé, par exemple, une économie galactique complète, avec des dizaines de ressources et autres matières premières dont les cours varient de station spatiale en station spatiale, si cela est pour se contenter de transporter des ressources prédéterminées pour des personnages non joueurs?
Il est en effet possible de trouver soi-même une ressource abordable qui se revendra à fort prix à quelques années-lumière de là, voire d’établir un circuit complexe qui prendra plus de temps, certes, mais qui fera d’autant plus sonner le tiroir-caisse. Il n’est ainsi pas rare, lorsque l’on a suffisamment progressé, d’empocher plusieurs dizaines de millions de crédits par voyage. Encore plus, potentiellement, si l’on se met à l’exploitation minière dans des champs d’astéroïdes, et qu’on réussit à y récolter les pierres les plus précieuses.
Mais pour cela, pour trouver une route commerciale rentable, ou encore pour trouver un vaisseau spécifique que l’on souhaite acheter ou la pièce qu’il nous manque pour maximiser la performance de notre engin spatial, il faut bien trop souvent sortir d’Elite pour mieux y retourner. On ne compte plus les guides, en ligne, qui permettent de simuler la construction de notre prochain engin de combat, par exemple, ou de mettre au point un circuit commercial ou minier plus que payant.
On en vient donc à afficher le jeu sur un écran, par exemple, et à allumer son ordinateur portatif tout juste à côté pour s’y référer en cas de besoin. De là à dire qu’Elite nécessite parfois une importante préparation, il n’y a qu’un pas qu’on s’empressera de franchir.
L’amour de la complexité
Complexe, Elite: Dangerous? Le mot est faible. Il semblerait qu’à chaque nouvelle étape, le jeu se dévoile un peu plus, ajoute une nouvelle couche de mécaniques, de facteurs dont il faut tenir compte. Et même là, il n’a pas encore été question des luttes entre les trois principales factions, par exemple, qui s’appuient non pas nécessairement sur l’appartenance à la Fédération, à l’Empire ou à l’Alliance, mais à la fidélité que l’on jure à l’un des grands personnages politiques et militaires de cet univers. Tout cela découle de luttes d’influence que l’on serait bien en peine d’expliquer ici.
Cette complexité transparaît également par l’ampleur du travail qu’il est souvent nécessaire d’accomplir afin de déverrouiller de nouvelles améliorations, d’avoir accès à un vaisseau plus puissant, ou simplement de monter de niveau (le jeu compte trois classifications principales, qui culminent toutes avec le statut « élite »).
Par exemple, le rang lié aux combats se calcule en fonction de la ténacité de vos adversaires. Plus vous visez haut, plus vous obtenez de points, qui permettent ultimement de gagner en réputation. Cependant, s’il est logique, dans cette perspective, de s’attaquer à plus fort que soi, l’on risque également d’être pulvérisé par un ennemi trop coriace. Certaines missions de combat nécessitant la destruction de plusieurs dizaines d’ennemis, on cherchera à attaquer des ennemis faibles, ce qui est soumis au bon vouloir du jeu (et qui dépend aussi de votre niveau d’expertise en combat).
Parallèlement à cela, il est bien entendu possible (et fortement recommandé!) de partir à la découverte de l’univers. S’il n’est pas nécessaire de quitter les zones généralement habitées par des humains pour trouver des systèmes solaires inexplorés, la véritable aventure se trouve généralement à quelques milliers d’années-lumière d’un monde colonisé. Gare à ne pas oublier sa « pompe » à énergie solaire, histoire de ne pas tomber en panne de carburant loin de tout. Si l’on souhaite en tirer un profit important, il faudra toutefois s’équiper avec un ou plusieurs ensembles de détecteurs, et, idéalement, examiner tous les objets célestes sur notre route. Payant, mais long, et parfois ennuyeux.
Et pour le transport stellaire, hé bien, c’est une version galactique de la conduite d’un camion sur l’autoroute. À l’exception que des bandits tentent parfois de voler la cargaison. Pratique pour faire de l’argent, mais pour l’aventure, on repassera!
C’est pourtant cette complexité que l’on se prend à aimer. Le petit quelque chose lié au fait de devoir perfectionner ses manoeuvres d’atterrissage ou de décollage. Ce changement de direction pour éviter de foncer dans une étoile, en sortant d’hyperespace. Ce petit plaisir jouissif que l’on éprouve à foncer dans un vaisseau ennemi, histoire de l’endommager gravement, en espérant que sa propre coque tienne le coup. La peur et le stress ressentis lors d’une première rencontre avec un vaisseau Thargoid, les « grands méchants » extraterrestres du jeu.
Tout cela, on peut le vivre avec un clavier et une souris, mais il y a, là aussi, un petit plus à s’équiper d’un véritable ensemble de manche à balai et de manette des gaz. Oui, il faut s’attendre à dépenser plus d’une centaine de dollars pour un modèle idéal (en plus des 50$ du jeu en temps normal), mais lorsque l’on finit par maîtriser la quinzaine de boutons et que l’on contrôle sans problème son vaisseau de combat en plein affrontement au milieu d’un anneau planétaire d’une géante gazeuse, on se prend à sourire. Mission accomplie, Elite: Dangerous.
Elite: Dangerous
Développeur et éditeur: Frontier Developments
Plateformes: Xbox One, PlayStation 4, Windows (testé sur Windows / Steam)
Interface de jeu et certaines voix disponibles en français.
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