Au moment même où Téhéran pourrait dépasser, dès jeudi, la limite d’uranium enrichi établie en vertu de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015, voilà que la chef des affaires politiques des Nations unies lance un appel à préserver l’entente que Donald Trump semble vouloir torpiller par tous les moyens.
Dans une déclaration présentée au Conseil de sécurité de l’ONU, Rosemary DiCarlo a appelé à laisser de côté les mesures déstabilisatrices des dernières semaines, qu’elles aient pour origine Washington ou Téhéran, et à se concentrer sur la sauvegarde d’un accord qui avait permis, à l’époque, d’apaiser les tensions dans la région et de geler, du moins pour un temps, le programme nucléaire iranien.
Selon Mme DiCarlo, l’accord de 2015 est ainsi le fruit de « 12 années d’intenses efforts diplomatiques et de négociations techniques », en plus d’être « un succès majeur du multilatéralisme », mentionne-t-on sur le site web de l’ONU.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ayant déclaré dans son dernier rapport que l’Iran respectait ses engagements, Mme DiCarlo a déclaré que le chef de l’ONU était préoccupé par la décision américaine en mai de ne pas prolonger les dérogations permettant à Téhéran de continuer à vendre du pétrole. Les États-Unis se sont retirés de l’accord il y a un peu plus d’un an.
Les mesures américaines « pourraient entraver la capacité de l’Iran et d’autres États membres à mettre en œuvre certaines de ses dispositions », a déclaré la chef des affaires politiques, ajoutant qu’Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, regrettait également l’annonce faite par Téhéran en mai dernier, selon laquelle il ne respecterait plus les limites convenues concernant l’uranium enrichi, à moins que d’autres signataires de l’accord acceptent de contourner les sanctions imposées par Washington, lit-on encore sur le site internet de l’ONU.
Le gouvernement iranien a récemment indiqué qu’il dépasserait très prochainement le taux d’enrichissement maximal autorisé en vertu de l’accord, et que le processus d’enrichissement pourrait reprendre à plus grande échelle si Washington continuait de faire feu de tout bois, et si les autres parties signataires de l’accord, dont les grandes puissances européennes, n’en faisaient pas davantage pour assurer la survie de l’entente.
« L’Iran seul ne peut pas, ne devrait pas et n’assumera pas toute la responsabilité de préserver l’accord », a ainsi déclaré l’ambassadeur de l’Iran aux Nations unies, Majid Takht Ravanchi.
De son côté, le président américain continue de jouer en partie l’apaisement, tout en soufflant sur les braises d’une éventuelle confrontation. Après avoir affirmé avoir stoppé des frappes aériennes 10 minutes seulement avant leur exécution, à la suite de la destruction d’un drone américain dans la zone du détroit d’Ormuz par un tir iranien, voilà que le chef d’État affirme qu’il pourrait y avoir une « guerre courte », « sans soldats au sol », en raison de « l’avantage incroyable » des forces américaines.
Questionné, plus tôt cette semaine, à savoir s’il disposait d’une stratégie de sortie en cas de guerre, Donald Trump a répondu: « Vous n’avez pas besoin d’une stratégie de sortie de crise. »
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