« Fausses nouvelles » de la part des grands médias, chants appelant à l’emprisonnement de son ex-rivale Hilary Clinton, accusations de « collusion » lancées aux démocrates… Le président américain Donald Trump a fait feu de tout bois, mardi soir, lors du lancement officiel de sa campagne en vue de l’élection de novembre 2020.
Dans un aréna d’Orlando, en Florida, qu’il disait être déjà rempli à craquer plusieurs heures avant le début de l’événement, allant même jusqu’à inventer quelques milliers de places assises supplémentaires au passage, le bouillant magnat de l’immobilier semblait particulièrement à l’aise, entouré de ses partisans les plus fidèles.
Après tout, Donald Trump n’a jamais vraiment cessé d’être en campagne électorale. Déjà, au lendemain de son arrivée au pouvoir, début 2017, il faisait enregistrer le nom de sa prochaine campagne présidentielle. Depuis, il semble profiter de toutes les occasions possibles pour quitter la capitale américaine et aller s’entourer de ses électeurs.
« Cette élection n’est pas seulement un verdict sur les progrès fantastiques que nous avons accomplis, mais un verdict sur la conduite anti-américaine de ceux qui tentent de nous faire échouer », a lancé M. Trump devant de nombreux électeurs, généralement blancs, et qui étaient nombreux à porter la fameuse casquette rouge « MAGA », du nom du slogan électoral du président, Make American Great Again.
Économie, sécurité à la frontière, M. Trump a continué de jouer sur les forces qui lui ont permis de se positionner comme le candidat des affaires lors de la campagne de 2016. Paradoxalement, ce sont justement les « affaires » qui continuent de le tarauder, dans la capitale fédérale.
Vers un impeachment?
À Washington D.C., en effet, l’air bruisse de rumeurs et d’échanges à mi-voix sur une possible procédure de destitution, en lien avec l’enquête du procureur spécial Robert Mueller. Ce dernier a beau affirmé ne pas avoir pu prouver qu’il y avait eu collusion avec la Russie lors de l’élection, il n’a pas pu donner de verdict sur une possible obstruction à la justice de la part du président, allant même jusqu’à déclarer, en conférence de presse, « que si nous avions pu trouver des preuves pour exonérer le président, nous les aurions fournies ». Se réfugiant derrière la règle non écrite voulant qu’un président en exercice ne soit pas mis en accusation, M. Mueller a toutefois lancé la balle au Congrès, où les démocrates ont repris la majorité à la Chambre des représentants en novembre dernier. Depuis, de nombreux élus et plusieurs candidats à l’investiture démocrate piaffent d’impatience à l’idée d’entamer la procédure en question.
Cette démarche, politiquement risquée, n’est pas du goût de la présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi, qui y voit un champ de mines.
Donald Trump n’a toutefois rien fait pour calmer les ardeurs, confiant récemment, lors d’une grande entrevue, qu’il serait prêt à « écouter » les informations potentiellement fournies par une puissance étrangère sur son rival électoral. « Il n’y a rien de mal à écouter », a-t-il martelé, allant même jusqu’à affirmer que « le directeur du FBI se trompe » lorsque ce dernier soutient qu’il est illégal d’accepter toute contribution ayant une valeur de la part d’un ressortissant étranger et qu’il serait essentiel de contacter les autorités si un candidat était approché pour se voir offrir des secrets sur son opposant.
Cette déclaration a fait largement réagir au sein de la classe politique américaine, les républicains étant eux-mêmes poussés à condamner, parfois mollement, ce qui ressemble bien à une invitation ouverte à l’ingérence électorale.
Voilà donc où se trouve le président alors qu’il lançait officiellement sa campagne pour être réélu, mardi soir: à Washington, l’étau semble lentement se resserrer. Mardi, toujours, M. Trump a perdu son candidat au poste de secrétaire à la Défense, Peter Shanahan, soupçonné d’être impliqué dans une histoire de violence conjugale. Et dans divers États clés, le président sortant est donné battu par les principaux candidats à l’investiture démocrate, selon des données internes, ce qui a poussé M. Trump à « congédier » des sondeurs pour faire tarir les fuites.
Néanmoins, l’élection de 2016 l’a bien montré: Donald Trump sait plaire à la foule et son attitude frondeuse pourrait de nouveau créer la surprise. Rien n’est joué, donc.
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