Des zones déjà libres de glace près des côtes de l’Alaska, ce qui est anormalement tôt, en juin. Une vitesse de fonte de la calotte du Groenland tout aussi inhabituelle pour mai et juin. Un record de chaleur pour un mois de mai — 29 degrés — dans le nord-ouest de la Russie.
L’Arctique continue de surprendre en ce début d’été et comme de juste, la surface totale de l’océan recouverte de glace est, pour une première quinzaine de juin, à son plus bas depuis que des satellites permettent de l’observer. Tous ces événements sont en phase avec ce qu’on attend d’une planète plus chaude, mais ils continuent de s’accumuler à un rythme beaucoup plus élevé que ce que les plus pessimistes prévoyaient il y a 20 ans.
Le cas du Groenland attire particulièrement l’attention des glaciologues depuis deux mois. Les températures au-dessus de l’ouest de l’île étaient déjà loin au-dessus de la normale le mois dernier, mais le centre et l’est se sont, depuis, joints au bal, entraînant une fonte qui touche à présent environ 45% de la calotte glaciaire. Normalement, explique le glaciologue américain Marco Tedesco au Washington Post, une fonte de cette amplitude ne se produit pas avant le milieu de l’été, quand elle se produit.
L’année qui détient pour l’instant le taux record de fonte au Groenland est 2012, et 2019 est en route pour lui faire une sérieuse compétition.
À l’autre bout de l’Arctique, près de l’Alaska, des zones de l’océan libres de glace, cela signifie que davantage d’eau du Pacifique peut y entrer, accentuant le réchauffement de l’eau de mer. On pourrait en mesurer les impacts en septembre prochain, si la glace met davantage de temps à se reformer.
À plus long terme, il va falloir compter sur l’érosion: avec l’aide de drones, des scientifiques britanniques viennent de publier une étude estimant qu’à l’été 2017, pendant seulement 40 jours, une partie de la côte du Yukon a perdu plus de 14 mètres à cause de l’érosion — un phénomène accéléré par la disparition des glaces qui agissaient comme barrières près du rivage.
Et dans l’immédiat, comme tout cet air froid doit bien aller quelque part, ces conditions inhabituelles sur et au-dessus de l’Arctique expliquent en partie les températures anormalement froides vécues jusqu’au centre et l’est des États-Unis ces dernières semaines.