C’est aux éditions Boréal qu’est parue, cet hiver, la toute première traduction en français d’un ouvrage de Gary Barwin, Le Yiddish à l’usage des pirates. L’auteur, né en Irlande du Nord, de parents sud-africains, vit au Canada depuis sa jeunesse. Il a été lauréat du Jewish Literary Award, finaliste aux Prix du Gouverneur général et au prix Giller.
Le tout prend d’abord l’allure d’un conte historico-philosophique, sur fond de convention littéraire un peu forcée. En effet, le narrateur est un perroquet qui, de nos jours, relate les péripéties des protagonistes qui se déroulent au chevauchement du 15e siècle et du 16e siècle: protagonistes dont il faisait partie.
Sur fond de pogroms, d’inquisition et de Nouveau Monde, Aaron nous raconte les mésaventures de Moshe, le maître et compagnon dont il a choisi l’épaule comme perchoir. Il nous estourbit de sa verve aviaire qu’il ponctue généreusement de vocabulaire yiddish et d’humour juif. Si je ne me trompe, l’auteur a fait de l’ironie, même avec l’humour, choisissant sans doute les plus mauvaises blagues de son répertoire: les Juifs que je connais sont beaucoup plus drôles.
Pour son style, l’auteur mérite certainement une nomination ou deux. Le travail de recherche n’a pas été négligé et le vocabulaire est riche, même sans les termes en yiddish. Mais la trame narrative perd de la saveur au fur et à mesure du déroulement. Les aventures sont tellement improbables et, ma foi, plutôt répétitives qu’on se croirait dans un épisode du Pirate des caraïbes, et pas le meilleur, avec trésor à la clé. Ainsi, après que le héros eût été blessé et capturé plusieurs fois, tout en s’en sortant à peu près indemne, j’ai décroché.