Mettant en vedette un Big Brother venu de l’espace, le film Captive State du réalisateur de Rise of the Planet of the Apes propose un intéressant mélange de thriller politique et de science-fiction.
Lorsqu’ils sont débarqués il y a près d’une décennie, les extraterrestres n’ont fait qu’une bouchée des forces armées de la planète. Il n’aura pas fallu longtemps avant que les différents gouvernements nationaux signent la reddition, et l’humanité vit depuis ce temps sous le joug des envahisseurs venus de l’espace. Des murs géants ont été érigés autour des grandes cités du monde, dont Pékin, Paris ou Chicago, les communications par Internet ou cellulaire sont interdites, et chaque citoyen est greffé d’un implant permettant de le suivre à la trace en tout temps. Alors que les festivités entourant le neuvième anniversaire de l’invasion approchent à grands pas et que les craintes d’une insurrection augmentent, Gabriel Drummond, le frère d’une légende de la résistance, reçoit la visite de William Mulligan, un détective qui tente de le recruter comme informateur. Le jeune homme devra alors prendre la décision la plus difficile de sa vie: collaborer avec l’ennemi, ou se battre contre lui?

À l’instar de la série-culte V (ou plus récemment, l’émission Colony), qui utilisait le prétexte d’une conquête extraterrestre pour aborder de façon à peine voilée le fascisme et les aléas de la vie sous l’occupation, Captive State délaisse les attaques aériennes de vaisseaux, les batailles épiques et les explosions habituellement associées aux films d’envahisseurs du cosmos pour se concentrer davantage sur la dimension sociale, et les répercussions d’un régime totalitaire instauré sur Terre par les représentants d’une autre planète. Dépeignant à la fois les motivations de ceux ayant choisi de collaborer avec ce système injuste, les tentatives de la résistance pour répandre la rébellion au sein de la population, ou la terrible répression à laquelle l’humanité fait face, le résultat est un long-métrage à mi-chemin entre 1984 et War of the Worlds.
Captive State ne pouvait se tromper en recrutant John Goodman pour incarner William Mulligan, un policier tentant de protéger, à sa façon, le fils de son ancien partenaire. Jouant Gabriel Drummond, le jeune Ashton Sanders (Moonlight) est la révélation de ce film où même les rôles de soutien sont tenus par des acteurs d’expérience, dont Vera Farmiga (Bates Motel), Alan Ruck (Ferris Bueller’s Day Off), ou Kevin Dunn (Veep). Le réalisateur Rupert Wyatt parsème son montage d’images à grand déploiement pour rappeler qu’on est en présence de science-fiction, et va même jusqu’à montrer sans détour de quoi ont l’air les extraterrestres ayant conquis notre planète, mais il s’attarde surtout à donner à Chicago des airs des pays de l’Est aux bonnes heures de l’URSS, et à transmettre efficacement le sentiment d’oppression, grâce à sa cinématographie glauque aux couleurs délavées.

L’édition haute définition de Captive State contient le long-métrage sur disque Blu-ray, et inclut un code donnant accès à une copie numérique. En plus d’une piste de commentaires livrée par Rupert Wyatt et le producteur David Crockett, on trouve deux revuettes de cinq minutes chacune. Dans la première, le réalisateur parle du contexte politique, et de l’influence du cinéaste français Jean-Pierre Melville (plus spécifiquement de L’Armée des ombres) sur son film. La seconde explique plus en détail la mythologie de cet univers, et résume les neuf années d’occupation précédant le début du long-métrage.
Alors qu’on voit poindre un renouveau du fascisme un peu partout sur la planète, Captive State s’inscrit tout à fait dans l’air du temps, et si vous appréciez la science-fiction intelligente, qui s’appuie davantage sur le scénario que les effets spéciaux, ce thriller d’anticipation de Rupert Wyatt est pour vous.
6.5/10
Captive State
Réalisation : Rupert Wyatt
Scénario : Erica Beeney et Rupert Wyatt
Avec : John Goodman, Ashton Sanders, Jonathan Majors, Vera Farmiga, James Ransone, Alan Ruck et Kevin Dunn
Durée : 109 minutes
Format : Blu-ray (incluant une copie numérique)
Langue : Anglais et français
Un commentaire
Pingback: Critique Captive State - Patrick Robert