Sans le moindre désir d’aller au-delà de la proposition originale, cette suite foncièrement inutile au néanmoins mignon et valable The Secret Life of Pets est le summum de la production opportuniste qui, tout en faisant tout pour s’emparer sans vergogne du pognon du public cible, ne manque pas de noyer son long-métrage dans des idéologies douteuses et problématiques.
Malgré ses développement limités, le premier volet de The Secret Life of Pets était de loin la proposition du studio Illumination la plus près d’un film de Pixar qu’on ait pu avoir, trame sonore d’Alexandre Desplat pastichant Michael Giacchino, fidèle collaborateur du studio ennemi, en bonus. Dans la même veine, les voilà qui délaissaient des propositions frivoles et inconséquentes pour se dévouer pleinement à une proposition accessible détournée dans la plus belle des folies. À l’instar des jouets de Toy Story, on nous dévoilait la vie secrète de nos animaux de compagnie.
Priorisant la folie au reste, voilà que le studio s’attaquait à un sujet si universel qu’il était facile de pardonner les faiblesses de l’ensemble, qui conservait sa cohérence malgré tout. On ne peut pas en dire autant de ce deuxième tour de piste, qui délaisse rapidement toutes ses possibilités cinématographiques.
Ayant compris que le film se voulait plus intéressant dans ses absurdités, voilà qu’on se désintéresse entièrement de notre réalité pour aller à plein régime dans les improbabilités, repoussant les limites du possible en se calquant sur notre modernité pour établir des points de repères.
Le hic, c’est que l’ensemble ne tient pas la route. On retrouve en majorité toute la distribution vocale du premier film, mais on a davantage l’impression d’hériter des idées rejetées pour des court-métrages offerts en bonus sur le DVD d’un film principal ou les segments d’une série télé dérivée pour enfants.
De fait, on se concentre sur quelques-uns des personnages préférés du film précédent pour leur offrir à chacun une nouvelle histoire personnelle qu’on jumelle à d’autres personnages nouveaux ou connus et le tout se chevauche d’un bout à l’autre pendant moins d’une heure et demie. Cette durée qui paraît pourtant plus longue est ici un autre indicatif important du manque flagrant de nouvelles idées. À cela s’joute probablement le fait qu’on a également perdu deux des trois scénaristes du film précédent.
Ainsi, on prend soin de jumeler le personnage de Kevin Hart à celui, tout nouveau, de Tiffany Haddish (histoire de laisser les Afro-Américains ensembles) pour les pousser à vouloir sauver un tigre maltraité par des vilains russes. Un tigre qui, par ailleurs, puisqu’il est sauvage, ne parle aucunement le même langage que les animaux « dressés ». Quand on vous disait « idéologies problématiques », elles s’avèrent archaïques également.
À une autre extrémité, Max, devenu Patton Oswalt, suite aux déboires de Louis CK, perd l’assurance de l’un pour souscrire aux insécurités de l’autre, pendant qu’ils font affaire à un bébé et aux dangers de la ferme. Tandis que Gidget doit tout risquer pour sauver un jouet précieux.
Toutes des histoires anodines et rapidement résolues qui sont incapables de se tenir sur le long terme, mais qu’on a jumelé le mieux qu’on pouvait pour en tisser un tout capable de pousser le monde à remplir les salles de gens et les coffres, d’argent.
Un films pour enfants… pour adultes?
Cet opportunisme capitaliste n’est pourtant pas nouveau. Là où cela fait plus mal, c’est dans la façon que le film s’adresse davantage aux adultes qu’aux enfants avec des morales et des valeurs qui ne concernent aucunement les plus jeunes. Même cette dérive violente du slapstick n’est pas excusable pour soutirer l’attention et les rires des tout-petits, tellement cette abondance de coups et de douleurs s’éloigne systématiquement de la naïveté des Looney Tunes.
Bien sûr, il y a longtemps qu’on a fait un virage en ce qui a trait aux films d’animation pour permettre aux parents accompagnateurs d’y trouver grassement leur compte. Sauf qu’ici, en appâtant le public par la nostalgie de l’animal de compagnie, on en profite pour y incorporer maints modèles sur comment élever ses enfants et ainsi mieux s’intégrer dans la société qu’on tente de modeler en une image si carrée et usinée qu’elle en devient étouffante.
The Secret Life of Pets 2 a bien ses moments. Le passage du vétérinaire est irrésistible et on aimerait toujours plus de cette indomptable Chloe dont on ne profite malheureusement pas davantage. Sauf que le manque de direction, de volonté ou encore de motivation de cette production qui sert surtout à jeter de la poudre aux yeux à ses admirateurs déjà conquis n’est en rien honorable ou digne d’encouragements.
5/10
The Secret Life of Pets 2 prend l’affiche en salles ce vendredi 7 juin.
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