À l’image d’un western, la tête du cyberpirate australien Julian Assange qui a frondé la puissance mondiale en révélant des secrets d’État sur son site WikiLeaks a été mise à prix, sous la forme d’un prêt de 10,2 milliards d’euros des États-Unis à l’Équateur, rapporte le Monde diplomatique du mois de mai.
De prime abord, le revenu annuel de l’État équatorien n’atteint pas un septième du budget militaire américain, ce qui place ce pays dans une situation précaire et vulnérable. «Le retrait de l’asile est un pouvoir souverain de l’Équateur et aussi la conséquence du non-respect des normes de l’asile et de la cohabitation minimale», a affirmé la ministre de l’Intérieur de l’Équateur, María Paula Romo au quotidien espagnol El País le 11 avril.
Pourtant, le président équatorien, Lenín Moreno s’est prononcé contre l’asile de Julian Assange à l’ambassade située à Londres, au même moment où l’accusé a été inculpé aux États-Unis sous la menace de dizaines d’années de prison dans un pénitencier, d’après le Monde diplomatique de décembre 2018.
À travers les institutions financières internationales sous influence américaine (Banque mondiale, Fonds monétaire international), le versement d’un prêt de 10,2 milliards d’euros à l’Équateur amène à douter que la décision de mettre fin à l’asile de Julian Assange relève uniquement du gouvernement équatorien. De plus, ce prêt s’inscrit dans cette volonté de balayer les nouvelles gauches en Amérique latine. Malgré sa promesse en campagne électorale de poursuivre le développement, la redistribution et la reconstruction de l’État de son prédécesseur Rafael Correa, après l’élection, l’objectif du président Lenín Moreno était d’opérer un rapprochement entre le siège du pouvoir exécutif et les élites anticorréistes. Alors qu’au Brésil, l’extrême-droite a succédé à la gauche et qu’au Venezuela, le Groupe de Lima et les États-Unis joignent leurs forces pour destituer le gouvernement bolivarien.
À la différence du cyberpirate Edward Snowden réfugié quelque part en Russie, c’est grâce à ce contexte latino-américain de gauche que Julian Assange a trouvé refuge de 2012 à 2019. À partir d’une pièce de 20 mètres carrés sans accès à l’air libre et au soleil, le cyberpirate ne s’est pas fait oublier pendant les sept années passées à l’ambassade. On lui doit les milliers de courriels révélant comment la direction du Parti démocrate avait manipulé les primaires afin de favoriser Hillary Clinton au détriment du candidat de gauche, Bernie Sanders. Plus tard, c’est l’administration Trump qu’il a rendue furieuse en rendant public l’arsenal numérique de la Central Intelligence Agency (CIA).
L’arrestation, le 11 avril dernier, met un terme à son accalmie diplomatique, mais son sort demeure incertain, puisque la Suède a lancé un mandat d’arrestation pour agression sexuelle contre lui.
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