Deux jours après la conclusion des élections européennes, les dirigeants du Vieux Continent prennent peu à peu conscience de l’ampleur des résultats de ce vote pan-national qui a ébranlé les colonnes du temple, pendant longtemps soutenu par une alliance entre libéraux et conservateurs.
« On disait que l’Europe était fatiguée, de moins en moins démocratique; or, les résultats nous démontrent que les peuples veulent que l’on parle d’Europe », a déclaré mardi le président français Emmanuel Macron. En France, comme ailleurs, les partis traditionnels ont majoritairement encaissé des « défaites », souvent avec des résultats peu reluisants, face à une montée des nationalismes et des formations écologistes.
Dans l’Hexagone, c’est l’extrême droite du Rassemblement national, ancien Front national, qui a obtenu le plus de votes, devant la liste électorale regroupant La République en marche, la formation du président. Aux yeux de Marine Le Pen, candidate justement battue par M. Macron lors de la présidentielle, il s’agit ici d’un nouveau désaveu du programme « macroniste », et il serait nécessaire de déclencher de nouvelles élections législatives, une suggestion immédiatement rejetée par le chef de l’État.
« Je vais redire ce que je dis depuis le début de mon engagement politique: partout, les extrêmes montent. Ce n’est pas une découverte de cette élection », a poursuivi le président Macron, qui s’exprimait en direct de Bruxelles, en Belgique.
Le chef d’État français risque toutefois de se retrouver à court d’alliés dans cette lutte contre les nationalismes et le retour de l’extrême droite. En Italie, la Ligue du ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, a raflé plus de 34% des voix avec son programme anti-migrants et eurosceptique. En Allemagne, les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates, qui forment l’alternance du pouvoir depuis des décennies, continuent de perdre des plumes.
Idem au Royaume-Uni, où les travaillistes et les conservateurs, laminés par trois années de chaos provoqué par le Brexit, n’ont obtenu que des miettes, face au « Brexit Party » de l’ex-leader de UKIP (droite, anti-migrants et anti-Europe) Nigel Farage. Il est à noter, toutefois que les Britanniques ne devaient pas, au départ, prendre part à ces nouvelles élections européennes, et que la frustration envers l’immobilisme du processus de sortie de l’Europe, qui a récemment eu raison de la première ministre Theresa May, a sans doute alimenté un vote de protestation.
L’espoir se trouve-t-il à gauche?
Tout n’est pas perdu, cependant, pour Emmanuel Macron et son projet d’une Europe unie contre les extrémismes.
D’abord, à Bruxelles, les centristes conservent toujours la majorité des sièges, surtout face à une opposition de droite et d’extrême droite souvent aux prises avec des luttes internes.
Ensuite, la montée des verts, autant en France, en Allemagne ou ailleurs sur le continent, que la question climatique continue de gagner en importance, alors que les impacts de la pollution humaine se multiplient.
« Nous devons, nous allons répondre à l’urgence climatique », a martelé le président français. Les initiatives vertes se multiplient un peu partout en Europe, soit, mais l’équilibre est précaire entre la nécessité de transformer le modèle économique et social, et la capacité d’adaptation des peuples. En France, toujours, le projet d’une taxe sur le carburant a représenté la proverbiale goutte qui a fait déborder le vase, avec, comme conséquence, la crise des gilets jaunes et son image des Français de la classe moyenne incapables de soutenir toutes les charges économiques associées à une conjoncture difficile et une structure fiscale jugée trop lourde.
Devant cet essoufflement des modèles politiques et économiques traditionnels, donc, le vote vert enverra une soixantaine de députés à Bruxelles, sur fond de « grève climatique » des jeunes et de rapports alarmants sur les conséquences environnementales de l’activité humaine.
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