Les médias ont fait grand cas d’une étude canadienne qui, à la fin d’avril, a conclu que les émissions de gaz à effet de serre des sables bitumineux de l’Alberta étaient sous-estimées par au moins 60%. Mais une des raisons de cette sous-estimation? Les calculs de ces émissions de gaz à effet de serre proviennent généralement de l’industrie.
Les chercheurs du ministère canadien de l’Environnement, dont l’étude est parue le 23 avril dans Nature Communications, seraient donc les premiers à avoir mesuré ces émissions à partir d’échantillons d’air recueillis par des avions au-dessus des quatre principaux sites miniers albertains — alors que les estimations de l’industrie consistent plutôt en une extrapolation de ce qui se rend dans l’air, à partir d’échantillons recueillis à la hauteur du sol. Sur les quatre sites survolés à 17 reprises pendant un mois de l’année 2013, la meilleure note allait à Suncor Energy, près de Fort McMurray, dont les émissions ne dépassaient que de 13% les estimations, et la pire note, à la mine de Syncrude, à Mildred Lake, qui en émettait plus du double (123%).
Les environnementalistes n’ont pas manqué d’ironiser sur la « surprise » causée par le fait que l’industrie pétrolière ait pu sous-estimer ses émissions. À la défense de l’industrie toutefois, cette façon de calculer s’inscrit dans des normes internationales: ce sont en effet les calculs auxquels le Canada doit se soumettre en vertu de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, et qui servent à évaluer si le Canada s’approche ou non de ses objectifs de réduction d’émissions.
La façon de faire de l’industrie n’est pas nécessairement mauvaise, a tenu à préciser le chercheur principal, John Liggio, de la division sur la qualité de l’air chez Environnement Canada. Elle est simplement incomplète. Mais en attendant, des échantillons d’air recueillis pour des chercheurs de l’Université Carleton en 2017, ont également conduit à des estimations « de 25 à 50% » plus élevées que les estimations officielles. Le National Observer cite par ailleurs John Liggio, selon qui d’autres collectes du genre ont été effectuées au printemps et à l’été 2018 au-dessus d’un plus grand nombre de sites, également pour le compte d’Environnement Canada. Mais les chercheurs sont encore en train de compiler les données, et une date pour une publication n’a pas été fixée.
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