Peut-on choisir d’acheter un livre à la fois pour les bonnes et les mauvaises raisons? Après la lecture d’une critique dithyrambique en ligne, The Third Reich, un roman posthume de l’auteur Roberto Bolano, a fait son chemin d’une librairie de quartier jusque sur la table de chevet de ce journaliste, qui ne regrette en rien le fait d’avoir jeté son dévolu sur cet ouvrage, bien au contraire.
Devant une oeuvre déjà tant encensée, pourquoi parlerait-on de mauvaises raisons de choisir un livre? Est-ce parce que le personnage principal du livre est Udo Berger, expert en jeux de stratégie? Ou parce que The Third Reich est en fait justement le titre d’un hypothétique jeu de grande stratégie donnant l’occasion de contrôler les forces alliées et de l’Axe lors de la Deuxième Guerre mondiale, un jeu qui semble être d’une si grande complexité qu’il en devient fascinant non pas pour l’objectif qu’il permet d’atteindre, mais plutôt pour son existence même, pour le défi titanesque que semble représenter la maîtrise de ses règles.
Voilà donc Udo, en vacances sur la côte espagnole avec sa copine Ingeborg, qui fait la connaissance d’un autre couple d’Allemands, Charly et Hanna, mais aussi de malabars des environs, dont El Quemado, qui s’occupe habituellement de louer des pédalos. Après la disparition de Charly, voilà que la vie d’Udo se met peu à peu à dérailler. Lui dont l’existence est habituellement particulièrement rangée, réglée justement comme un plan d’attaque d’un général allemand, découvrira un aspect autrefois inconnu de la société, de la vie en général.
Avec sa couverture cartonnée rigide, l’édition de 2011 dans la langue de Shakespeare du livre, parue chez Farrar, Straus and Giroux, vient en quelque sorte « emballer » l’oeuvre de Bolano. À l’image de la boîte d’un jeu de société, justement, la couverture sert ici de point de départ pour l’exploration littéraire à laquelle nous convie l’auteur. Ouvrir délicatement le livre évoque donc cette boîte que l’on ouvre lentement, pressé de découvrir les trésors qui se cachent à l’intérieur.
Avec un style qui intrigue avant de captiver et de laisser pratiquement hors d’haleine en bout de piste, et surtout avec une intrigue qui évoque à la fois l’illusion de la maîtrise de soi et les risques de la chute vers l’inconnu pourtant si aguichant, The Third Reich est sans aucun doute un chef-d’oeuvre qu’il fera bon de revisiter, à défaut de se précipiter chez son libraire pour parcourir le reste de la bibliographie de l’auteur. Un livre à garder précieusement, un livre à dévorer.
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