Le déclic s’est-il produit dans un sous-sol d’une maison de la rue Émile-Journault, à la fin des années 1990? Ou plutôt dans une défunte boutique de jeux vidéo de la Place Versailles, quelques années plus tard? Quoi qu’il en soit, Sim City 2000, l’iconique simulateur de gestion urbaine, a durablement marqué l’esprit de ce journaliste, qui rêve encore, 20 ans plus tard, de cités rutilantes et d’arcologies futuristes.
Avant Sim City 2000, il y avait eu Sim City, bien sûr, un titre lui aussi développé par Will Wright et les gens de chez Maxis. Mais Sim City 2000, avec sa vue en deux dimensions isométrique, avec son inoubliable musique – la version Mac de la trame sonore était plus audacieuse que celle pour PC, répète un ami depuis des lustres –, sans oublier ses désastres, est un indémodable classique. Faut-il aussi évoquer le cas des conseillers municipaux qui tentaient de fournir de savants conseils, à l’exception du responsable de l’entretien des routes et autres voies de circulation qui sortait de ses gonds si l’on s’avisait de retirer un seul cent de son budget?
Fort de l’expérience du premier titre de la série, Sim City 2000 représente une amélioration notoire dans presque tous ses aspects. Non seulement a-t-on droit à une refonte graphique qui donne un aspect plus « vivant » aux villes, mais les options se démultiplient: plusieurs types de zones à construire, diverses centrales énergétiques, plusieurs choix de routes, etc. Les développeurs disposaient clairement de davantage de ressources pour tenter de créer un simulateur plus réaliste, et la complexité a forcément augmenté. Pas suffisamment, toutefois, pour que la prise en main soit impossible, mais plutôt juste assez pour que le défi soit toujours intéressant à relever, 25 ans plus tard.
Sim City 2000, c’est aussi – surtout! – le titre qui a permis de penser la ville comme une entité qui se développe, qui se transforme avec les années, avec les époques. Il faut voir ces mégalopoles modernes, avec leurs gratte-ciel, leurs autoroutes, leurs réseaux de transports en commun… Il faut aussi voir les villes péricliter, les immeubles se transformer en taudis, les rues être engorgées par une trop forte circulation automobile. La ville de Sim City 2000 est vivante, parfois rayonnante, parfois malade, parfois irrémédiablement endettée, parfois riche comme Crésus.
Si le jeu est encore aujourd’hui un véritable bijou de simulation, et s’il représente toujours un certain défi pour les amateurs de gestion, la gloire de Sim City 2000 est quelque peu ternie. Après 25 ans, il y a bien sûr eu de nombreux autres titres du genre, y compris trois suites « officielles » développées par Maxis, ce qui inclut le fantastique Sim City 4, mais aussi l’horrible Sim City, paru en 2015. Il y a aussi eu le successeur spirituel, Cities: Skylines, pour lequel sont encore produits des contenus supplémentaires et des expansions, en plus d’une quantité inimaginable de modifications. Tous ces titres ont apporté de nouvelles fonctionnalités, de nouvelles options, de nouvelles opportunités.
Il y a un quart de siècle, Will Wright et ses développeurs marquaient à jamais l’imaginaire d’une génération complète de joueurs, eux qui deviendront éventuellement des amateurs, voire des passionnés de planification urbaine, de gestion des transports, de fous d’urbanisme et d’aménagement des transports en commun.
Pour les nostalgiques ou les curieux, l’incontournable Sim City 2000 est toujours disponible sur la plateforme GOG, dans sa formule édition spéciale.
Sim City 2000
Développeur: Maxis Software
Éditeur: Electronic Arts
Plateforme: Windows (GOG), Mac OS X
Jeu en anglais seulement