Dans l’appartement particulièrement encombré d’un vieil homme désormais mort et enterré se trouvent d’étranges toiles maléfiques. Gare à ceux qui, dans le thriller d’horreur Velvet Buzzsaw, tenteront d’en tirer profit…
La bande-annonce du film d’horreur Velvet Buzzsaw, lancé sur Netflix au début du mois de février, avait tout pour plaire: des personnages plus grands que nature, quelques litres de sang savamment répandus et ce qui s’annonçait être une satire rondement menée du milieu de l’art contemporain, avec ses extrêmes, ses pièces vendues à plusieurs millions et ses critiques capables de sanctifier ou crucifier un artiste en quelques instants.
L’idée de base a certainement du bon: en tant que journaliste en vogue, Jake Gyllenhaal en Morf Vandewalt est absolument fantastique. Irritable, totalement fantasque, avec ses manies et son lent glissement vers la folie, il représente une extraordinaire caricature du journaliste un peu trop spécialisé. Un genre de Francine Grimaldi – pour le côté coloré – et de Christophe Huss – pour le côté minutieux –, le tout gonflé aux stéroïdes.
Idem pour son amie galeriste, Rhodora Haze, interprétée par Rene Russo. Ambitieuse, manipulatrice mais malgré tout humaine, elle évoque certains des passages les moins rocambolesques du succès trash 99 francs.
Voilà donc les toiles d’un certain Dease, notre vieil homme mort dans son logement, qui se retrouvent sur le marché, et qui rencontrent un succès fou. Le hic, c’est que l’auteur des oeuvres souhaitaient qu’elles soient détruites. Serait-ce parce qu’il a utilisé son propre sang pour peindre certains rouges? Quoi qu’il en soit, les morts commencent à se multiplier, et les protagonistes disparaissent les uns après les autres, toujours d’une façon liée à l’art, qu’il s’agisse ou non des oeuvres du peintre au centre de l’affaire.
Velvet Buzzsaw pourrait être un bon film s’il s’arrêtait ici. Mais au-delà du jeu de Gyllenhaal, on trouve bien peu de choses à se mettre sous la dent. John Malkovich, géant du cinéma, est ici criminellement sous-utilisé, et disparaît aux deux tiers du film après n’avoir eu droit qu’à quelques apparitions. Pour les autres, ils sont ciblés par la « malédiction », certes, mais on ne respecte que peu ou pas les codes de l’horreur: point de grand « méchant » à combattre, pas d’amulette à retrouver ou de peinture à rendre à son défunt créateur. On n’assiste qu’à une série de meurtres joliment exécutés, peut-être, mais sans grand intérêt.
Il est bien dommage, ici, que Dan Gilroy, pourtant à la barre du très bon Nightcrawler, qui mettait aussi en vedette Gyllenhaal et Russo, s’égare ici dans les dédales poussiéreux d’un musée abandonné de tous. La critique du matérialisme et du capitalisme est un peu trop primaire pour son propre bien, et on termine le film en se demandant si le scénariste a manqué d’inspiration au troisième acte.