Première femme à accéder à la chefferie de la Slovaquie, État postsoviétique membre de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN depuis 2004, l’avocate écologiste Zuzana Caputova a été élue avec 58,2% des voix contre 41,8% pour son rival, rapporte La Vanguardia le 31 mars.
À 45 ans, la présidente Caputova succède à l’entrepreneur et philanthrope, Andrej Kiska qui a maintenu des relations tendues avec le pouvoir exécutif composé d’une majorité sociale-démocrate. Fervent critique de la manière dont le gouvernement a géré la crise institutionnelle générée par l’assassinat du journaliste d’enquête Jan Kuciak, qui menait des recherches sur les liens entre le crime organisé et les hautes sphères du pouvoir.
L’assassinat du journaliste a provoqué une vague massive de protestations dans la population à propos de l’implication du chef de l’État, la lenteur de l’enquête policière sur le crime et le scandale de corruption révélé par le travail du reporter. L’activiste Caputova marchait aux côtés des citoyens dans la rue, elle qui avait collaboré avec Jan Kuciak pour élucider divers cas de corruption.
Au Palais Grassalkovitch, le premier ministre social-démocrate, Robert Pellegrini a reconnu au dépôt du vote que la situation de turbulence perdure dans le pays depuis l’assassinat du journaliste, dont les auteurs du crime ne sont toujours pas assis dans le banc des accusés. Ce scandale a discrédité les autorités et a semé la méfiance dans la population envers les institutions policières, fiscales, juridiques et l’ensemble du gouvernement.
Lors de la campagne électorale, Zuzana Caputova a négligé les questions de politiques étrangères: le conflit en Ukraine, les conflits entre l’UE et le Groupe de Visegrád intégré par la Slovaquie, la Tchéquie, la Hongrie et la Pologne, considérant que ce contexte a porté atteinte aux standards de démocratie et de l’État de droit.
Révolte dans les Balkans
Au-delà des différences nationales, les populations d’Europe centrale se mobilisent contre les mêmes politiques, notent les journalistes du Courrier des Balkans, Jean-Arnault Dérens et Simon Rico dans le Monde diplomatique du mois de mars. Les citoyens des pays de cette région, fatigués de cette rhétorique nationaliste et guerrière, souhaitent la fin de la marginalisation économique et sociale en Europe, ainsi que la possibilité de vivre décemment dans leur pays.
Apparue le 8 décembre 2017, la contestation de la politique autoritaire et antisociale du président de la Serbie s’étend désormais à toutes les villes du pays. Toujours au mois de décembre, l’Albanie a connu les plus importantes manifestations étudiantes depuis la chute du communisme à cause de l’augmentation des frais de scolarité, conséquence d’une modernisation de l’État par des partenariats public-privé.
L’exode vers l’Europe occidentale continue, avec un arrêt en Hongrie, en Slovaquie ou en Tchéquie. Trois pays qui se transforment en périphérie manufacturière depuis quelques années, offrant aux entrepreneurs occidentaux des salaires réduits et un droit du travail très flexible.
À la suite de six jours de grève au mois de juin 2017, à l’usine géante de Volkswagen de Bratislava en Slovaquie, les gains obtenus par les travailleurs démontrent qu’il est possible de tirer son épingle du jeu.
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