Le prochain animal à être officiellement déclaré éteint sera peut-être le vaquita, ou marsouin du Pacifique. Avec seulement 10 individus, il est devenu le mammifère marin le plus près de l’extinction.
Le rapport à son sujet, publié le 14 mars par un comité de biologistes californiens et mexicains, rappelle qu’on ne comptait déjà plus qu’une trentaine d’individus en 2017, contre environ 600 il y a 20 ans. On ne les trouve que dans le golfe de Californie, et encore, les survivants semblent avoir reculé dans la partie sud-ouest. L’espèce doit en partie son déclin aux filets de pêches illégaux dans lesquels ces animaux se retrouvent piégés.
Ce rapport pessimiste arrive un mois après une compilation tout aussi pessimiste, qui conclut que plus du quart des espèces classées en voie d’extinction ne sont pas protégées par l’entente internationale CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Le biologiste David Wilcove et le chercheur en politique publique Eyal Frank écrivent dans Science que le traité, bien qu’étant « un important outil » pour la conservation et la lutte aux trafiquants, a en moyenne 12 ans de retard sur la Red List de l’Union internationale pour la conservation de la nature, soit la liste traditionnellement utilisée pour désigner les espèces menacées ou en voie d’extinction. La proposition des deux chercheurs est d’établir de meilleurs canaux de communication entre les chercheurs derrière la Red List et les décideurs chargés d’appliquer la CITES.
Ce serait d’autant plus important qu’à ce quart d’espèces qui ne sont pas protégées s’en ajoutent d’autres qui le sont, comme le vaquita, mais qui sont des victimes indirectes de pratiques illégales.
Quoi qu’il en soit, la décision d’ajouter ou non une espèce sous le parapluie protecteur de la CITES ne dépend pas seulement de la science, mais aussi de la politique. « Chaque pays soupèse les risques biologiques avec les risques commerciaux, parce que des gens font de l’argent avec ces espèces », déclare dans le New York Times l’écologiste Julie Lockwood.