À travers la Chine, d’importants changements ont eu lieu sans que l’on s’en rende compte. Les rizières sont fréquemment remplacées à vitesse grand v par des étangs d’aquaculture pour produire davantage de protéines pour le nombre croissant de gens vivant sur la planète. Cette transformation pourrait avoir un impact inattendu sur le réchauffement climatique.
Des chercheurs de plusieurs pays du monde, y compris le professeur Chris Freeman de l’Université de Bangor, ont découvert que la conversion de rizières en zone d’aquaculture entraînait l’émission de grandes quantités de méthane, un gaz au puissant effet de serre, dans l’atmosphère.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a déjà mis en garde contre le fait que la planète atteindrait le point de réchauffement de 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux pré-industriels d’ici 2030, entraînant une multiplication probable des cas de sécheresses, feux de forêt, inondations et famines extrêmes qui affecteraient des centaines de millions de personnes. Selon M. Freeman, « une autre source de méthane est la dernière chose dont nous avons besoin ».
Il a toujours été estimé que puisque les rizières étaient déjà d’importantes sources de méthane, rien ne pourrait empirer la situation.
En décrivant les travaux récemment publiés dans Nature Climate Change, le professeur Freeman a précisé que « nous avons été stupéfaits de découvrir que la production de méthane des anciennes rizières était beaucoup plus élevée qu’avant la conversion ».
« Les rizières produisent de grandes quantités de méthane lorsque les plantes qui moisissent sont « digérées » par des microbes appelés méthanogènes dans les sols inondés et sans oxygène. Mais dans les étangs d’aquaculture, de vastes quantités de nourriture sont ajoutées pour nourrir les crabes et les poissons qu’on y élève, et cela augmente de façon très importante la quantité de matériaux en décomposition qui alimentent les méthanogènes. Ceux-ci produisent alors davantage de méthane. »
Toujours selon le professeur Freeman, « nous savions depuis un certain temps que les rizières étaient mauvaises pour le réchauffement climatique. Mais la réalisation selon laquelle il existe une nouvelle source « cachée » de problèmes donne une toute nouvelle dimension à ces menaces ».
Les travaux réalisés ont heureusement mis au jour des pistes de solution. Les scientifiques ont découvert que si des modifications étaient apportées pour aérer les étangs d’aquaculture, la majeure partie du méthane nocif pourrait être éliminer.
Pour le GIEC, les émissions de dioxyde de carbone doivent être réduites de 45% par rapport aux niveaux de 2010, et ce d’ici 2030, et atteindre le « zéro net » vers 2050 afin de maintenir le réchauffement à environ 1,5 degré Celsius. La course est donc lancée pour s’assurer que des changements soient mis en place avant que le rythme actuel de transformation des terres cultivables n’exacerbe davantage le réchauffement climatique.
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