Dans South Central, quartier « chaud » de Los Angeles, les Crenshaw Six tentent de survivre en vivotant du commerce de la drogue sur quelques coins de rue. Lola, véritable chef du gang et héroïne du thriller du même titre publié chez Seuil, se retrouvera rapidement entraînée dans une série d’imbroglios et de problèmes aux conséquences potentiellement funestes.
Si elle a l’habitude de se faire passer pour la simple copine de son partenaire, Lola tire en secret les ficelles du petit groupe criminel pas vraiment mieux, mais pas vraiment pire que les autres non plus. Jusqu’au jour où l’un des hommes de main d’un puissant cartel lui confie une mission qui échouera. Forcée d’entreprendre des missions de plus en plus périlleuse pour assurer la survie de ses proches, mais aussi pour sauver sa propre peau, la jeune femme sera confrontée à une nouvelle dose de misère et de violence dans un monde qui ne laisse pas de place aux faibles.
Avouons-le carrément: la couverture de l’édition française de Lola est affreuse. Silhouette d’une femme tenant un pistolet sur fond de centre-ville de Los Angeles au coucher du soleil, le tout surmonté d’un lettrage tapageur; on a l’impression de tenir entre ses mains un roman de gare à deux ou trois dollars, qui promet une dose de dialogue passable, de violence et de sexe. Tout juste assez d’excitation pour attendre correctement sa correspondance.
Pourtant, le premier roman de Melissa Scrivner Love, qui a travaillé comme scénariste sur la série CSI: Miami, étonne et surprend par sa profondeur. Chapeau, également, à la traductrice qui, même si elle a employé ici un français très français, n’en est pas moins parvenue à reproduire sans trop de clichés cette ambiance de pauvreté et de violence qui semble constamment imprégner cette métropole californienne où l’automobile est reine.
Misère ordinaire; dépendance à la drogue; familles dévastées par le crime ou l’oppression systématisée faisant en sorte que les luttes se déroulent non seulement entre les classes sociales, mais aussi entre les couleurs de peau… Tout se mélange et se télescope pour tracer un portrait à la fois glauque et saisissant. Quant au personnage de Lola, l’auteure réussit à dépeindre une jeune femme forte, certes, mais qui possède aussi ses faiblesses, et qui ne donne l’air ni d’être une mijaurée tête en l’air, ni une dure de dure incapable d’éprouver des sentiments.
On se prend ainsi à dévorer ce roman « policier » qui est davantage un portrait sociologique qu’une véritable enquête. À découvrir, ne serait-ce que pour se donner une idée de l’envers d’un décor bien souvent dépeint par Michael Connelly et ses confrères.
Lola, de Melissa Scrivner Love, paru aux éditions Seuil, 332 pages.
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