Dépeint par la droite en volonté de l’extrême droite, le Brexit pourrait permettre à la gauche d’améliorer les conditions de vie de «l’ensemble» de la population britannique, explique le politiste de l’université de Cambridge, Chris Bickerton dans le Monde diplomatique de février.
Au temps de l’Union soviétique, l’avènement du projet européen menant à l’Union européenne (UE) actuelle visait à éviter les politiques de gauche : l’étatisme et le collectivisme. Depuis 1986, la Cour de justice de l’UE a tranché la plupart des conflits opposant l’intérêt national au secteur privé, en faveur du second. Ainsi, la sortie du Royaume-Uni de l’UE pourrait soustraire les Britanniques de ces contraintes de droite, permettant au chef de l’opposition officielle, Jeremy Corbyn de refonder idéologiquement le Parti travailliste et renouer avec sa base sociale d’origine, les classes populaires.
Le référendum du Brexit qui s’est tenu le 23 juin 2016 a été caractérisé par une participation élevée, soit 4% et 6% de plus que pour les élections générales de la même période, marquant un retour aux urnes de personnes qui ne s’y rendaient plus depuis des décennies. Le vote en faveur du maintien du Royaume-Uni au sein de l’UE a enregistré ses résultats les plus élevés dans les circonscriptions urbaines, dont la capitale Londres et les villes à forte croissance économique comme Cambridge et Oxford.
Il existe d’importantes différences entre les pays de l’UE en matière d’aides publiques, mais un gouvernement qui s’emploierait à relancer les économies régionales se verrait immédiatement reprocher par Bruxelles ses politiques discriminatoires. Même si œuvrer en faveur d’une région en particulier, parfois au détriment de ses concurrentes, constitue la définition d’une politique régionale. De plus, il est impossible de critiquer la liberté de circulation des travailleurs puisque ce droit représente un tabou pour la gauche, au péril de se faire étiqueter de xénophobe ou de raciste.
Le Brexit permettrait de repenser le modèle de croissance économique, qui repose actuellement sur la consommation dont le financement dépend du boom de l’immobilier. Au Royaume-Uni, les logements sont parfois davantage des investissements que des lieux de résidence, l’accroissement de leur valeur bénéficie aux baby-boomers qui ont acheté leur maison dans les années 1990, excluant les générations nées entre 1980 et 2000. Pour rompre cette architecture économique, il faut des outils pour encadrer des flux de capitaux interdits par Bruxelles.
Les traités européens ne sanctionnent pas mécaniquement les politiques progressistes, mais ils leur imposent de sérieuses limites. Les jeunes ont appris à associer l’idée d’Europe à une forme d’internationalisme bienveillant, soutient le politologue de l’université de Cambridge, Chris Bickerton.
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