Impossible d’envisager le retour des civils poussés à l’exil par la guerre civile en Syrie, qui en est à sa huitième année, rapportent les Nations unies. Selon une commission d’enquête de l’ONU, la violence des combats et l’anarchie qui règne sur le terrain prohibe d’envisager, pour l’instant, un retour de la paix.
« Selon les enquêteurs onusiens, entre juillet 2018 et janvier 2019, d’intenses combats se sont poursuivis dans le nord-ouest et l’est de la Syrie, les civils étant les plus touchés. Une situation qui s’est caractérisée par des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, notamment avec des attaques indiscriminées, des pillages et des persécutions, y compris par des groupes armés », apprend-on ainsi du rapport présenté jeudi à Genève.
Si la progression des forces prorégime et l’accord entre la Turquie et la Russie pour créer une zone démilitarisée dans la région d’Idlib (nord-ouest) a permis de faire diminuer le nombre d’affrontements, la guerre se poursuit ailleurs au pays, mentionnent des membres de l’équipe d’enquête.
« Avant tout, les hostilités se poursuivent sans un grand respect des lois de la guerre, des droits de l’homme ou d’un sentiment de compassion envers ceux qui en subissent les effets », a déclaré le président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, Paulo Pinheiro.
« Les attaques menées par les forces progouvernementales à Idlib et dans l’ouest d’Alep, ainsi que par les forces démocratiques syriennes et la coalition internationale à Deir ez-Zor, continuent de faire de nombreuses victimes civiles », a-t-il ajouté.
Des civils malmenés
Pour les rares habitants ayant survécu aux combats et n’ayant pas pris la route de l’exil, le retour sous le contrôle du régime de Damas ne se fait souvent pas sans heurts. Au dire du rapport onusien, ces hommes, femmes et enfants ont été » confrontés à de nombreuses difficultés juridiques et administratives pour accéder aux droits essentiels, notamment aux documents d’état civil, à l’éducation, aux soins médicaux et à un logement convenable, en particulier pour les femmes ».
« Dans les zones récemment reprises – Douma, Dara’a et le nord de Homs, par exemple, – les forces gouvernementales ont créé un climat de peur grâce à une campagne d’arrestations et de détentions arbitraires à la suite de bombardements », a déclaré le commissaire Hanny Megally.
Chez les Forces démocratiques syriennes, soutenues par les États-Unis, ce sont des milliers de civils qui sont toujours maintenus illégalement dans des camps de fortune, indiquent les Nations unies.
Pour les enquêteurs, le retour des civils déplacés par la guerre ne pourra se faire que si les combats diminuent largement d’intensité, d’abord, mais également si l’on offre « un accès rapide, sûr, sans entrave, inconditionnel et continu aux secours humanitaires et médicaux ».
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