Après avoir consacré une bande dessinée à l’ornithologue John James Audubon, Fabien Grolleau et Jérémie Royer rendent cette fois-ci hommage au plus célèbre des naturalistes, et au voyage qui lui a inspiré sa fameuse théorie de l’évolution, avec l’album HMS Beagle, aux origines de Darwin.
En 1831, Charles Darwin, âgé de 21 ans, vient tout juste de terminer ses études à Cambridge. Malgré son intérêt pour la science, il se destine à devenir pasteur, mais Robert FitzRoy, le capitaine du HMS Beagle dont la mission est de cartographier les côtes de l’Amérique du Sud, souhaite partager sa table avec une personne cultivée lors de ce long périple, et c’est la raison pour laquelle il décide d’embaucher le jeune homme à titre de naturaliste de l’expédition. Quittant l’Angleterre le 27 décembre pour un voyage de deux ans (qui en durera finalement cinq), Darwin fera le tour de la planète, du Brésil à l’Afrique en passant par les Galápagos, où l’observation des variations entre les mêmes espèces vivant sur des îles pourtant peu éloignées les unes des autres lui inspirera sa fameuse théorie de l’évolution, qui changera à jamais la science.
Plus qu’un simple carnet de voyage, HMS Beagle, aux origines de Darwin met en vedette un jeune Charles Darwin qui n’était pas encore le scientifique réputé dont l’Histoire se souvient aujourd’hui. La bande dessinée brosse le portrait d’un homme curieux, fasciné par la nature, et qui, en cinq ans d’expédition autour du globe, amassera assez de matière pour une vie entière d’études. Loin d’être complaisant, le récit dépeint les dilemmes d’un croyant, dont les découvertes entreront en contradiction avec les enseignements de la Bible, ainsi qu’un farouche opposant de l’esclavagisme, qui affichait paradoxalement sa supériorité morale face aux peuples de « sauvages » de la Terre de Feu ou de la Patagonie, allant jusqu’à écrire : « Quand on voit ces gens, on a peine à croire qu’ils soient même des créatures humaines, des êtres de la même espèce que la nôtre ».
Tandis que l’ordinateur entre de plus en plus en ligne de compte dans la création de bandes dessinées, HMS Beagle, aux origines de Darwin affiche un côté résolument artisanal, dans le bon sens du terme, et on sent les coups de crayons de bois ou de feutre dans chaque illustration. Si les personnages dessinés par Jérémie Royer sont assez sommaires, l’artiste, à la manière des naturalistes, excelle dans les croquis d’animaux et les paysages bucoliques, que ce soit la mer turquoise des Îles Canaries ou les forêts luxuriantes du Brésil. Royer insère aussi quelques moments plus poétiques à travers le récit, dont Darwin baignant dans une véritable mer de lucioles à Rio, ou Adam et Ève au paradis. L’album se termine sur un portrait du naturaliste effectué par le peintre George Richmond en 1840, ainsi que quelques notes biographiques.
Bien que la vaste majorité d’entre nous connaissons la théorie de l’évolution, peu de gens savent comment le célèbre naturaliste l’a formulée, et c’est ce qui rend la bande dessinée HMS Beagle, aux origines de Darwin si intéressante.
HMS Beagle, aux origines de Darwin de Fabien Grolleau et Jérémie Royer. Publié aux Éditions Dargaud, 176 pages.
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