Les opposants au concept de « revenu minimum garanti » invoquent généralement comme premier argument qu’une telle mesure enlèverait à un grand nombre de gens une motivation pour travailler. Une des rares expériences à grande échelle dans le monde vient de produire des résultats qui vont dans le sens contraire, mais qui auront un impact limité.
Pendant deux ans, le gouvernement finlandais a versé à 2000 personnes sans emploi, âgées de 25 à 58 ans, un revenu mensuel de 560 euros (840 dollars), sans conditions. Autrement dit, la personne n’avait pas l’obligation, comme c’est généralement le cas avec un chèque de chômage, de chercher ou d’accepter un emploi. Et une personne qui acceptait un emploi continuait de recevoir le même montant — d’où le nom de revenu « garanti ».
Les résultats préliminaires, qui couvrent l’année 2017 viennent de paraître : lorsqu’on compare ces 2 000 personnes avec un « groupe contrôle » de 5 000 personnes également sans emploi, mais qui recevaient des revenus de chômage normaux, on n’observe aucune différence quant au nombre de jours travaillés — une moyenne de 49 jours en 2017 — et les receveurs du « revenu garanti » n’avaient gagné en moyenne que 21 euros de moins que les autres. De plus, lorsqu’elles s’auto-évaluent, les 2000 personnes du premier groupe se perçoivent en meilleure santé que celles du groupe contrôle.
L’expérience a toutefois pris fin le 31 décembre dernier, à la fin de sa deuxième année. Il avait été question d’élargir l’expérience à des gens qui ont un emploi, ou de prolonger le programme pendant une troisième année: le gouvernement finlandais a annoncé en avril 2018 qu’il n’en serait rien. Les données complètes, couvrant les deux années, sont attendues pour 2020.
Il est peu probable que ces données apportent les réponses que les défenseurs du concept attendaient: deux années représentent une période trop courte pour une expérience sociologique de cette envergure. Une expérience similaire en Ontario, lancée en octobre 2017 et impliquant 4000 personnes, a également été interrompue l’été dernier avec l’arrivée du nouveau gouvernement conservateur.
Le concept de revenu de base garanti, qui est évoqué depuis des décennies, est parfois défendu autant à gauche qu’à droite du spectre politique: à gauche, on y voit un outil de lutte contre la pauvreté et les inégalités, tandis qu’à droite, on y voit un instrument pour simplifier la gestion des aides financières aux chômeurs et aux plus démunis.
Un commentaire
Pingback: Singapour, Hong Kong et Paris, les villes les plus chères du monde - pieuvre.ca