Trois ans: il aura fallu trois ans (et des poussières) pour que la copie de Twilight Struggle, achetée sur un coup de tête après avoir lu des critiques dithyrambiques sur internet, serve enfin lors d’une toute première partie. Il est triste, dans un sens, que tant de temps se soit écoulé avant d’essayer un jeu qui révèle rapidement l’intérêt suscité parmi les amateurs de stratégie et de titres forçant l’utilisation de ses neurones.
Publié par GMT Games, dont la réputation n’est plus à faire auprès des puristes, ceux qui ont un faible pour les manuels complexes, les multitudes de jetons et les heures passées devant un plateau de jeu, Twilight Struggle fait s’opposer les États-Unis, l’URSS et leurs sphères d’influence mutuelles dans une reproduction géopolitique de la guerre froide, de 1945 à 1989.
Avec une partie durant en moyenne de deux à trois heures, et un manuel d’instructions passablement abstrait pour les néophytes, on tombe immédiatement dans un territoire où s’aventurent habituellement peu de joueurs du dimanche. De fait, il n’est pas surprenant de trouver Twilight Struggle non loin des jeux de grande stratégie, ceux qui coûtent habituellement un certain montant (Twilight Struggle ne fait d’ailleurs pas exception à la règle) et qui exigent pratiquement de s’encabaner pour l’hiver. On n’atteint pas ici la complexité d’un A World At War, par exemple, mais on est également bien loin de Catan et de ses colons.
Autre exemple de complexité inhérente au titre de GMT Games, une partie compte 10 tours séparés en six phases, dont une phase impliquant des cartes pouvant être utilisées de cinq façons différentes… Bref, on peut comprendre qu’au premier abord, Twilight Struggle n’a pas le même genre d’attrait qu’un Game of Thrones, ou même un Axies and Allies, par exemple.
Ceci étant dit, il ne faudra qu’une petite heure de jeu pour saisir tout l’intérêt du titre: non seulement est-il possible de transformer l’histoire avec un grand H en rejouant l’un des plus importants conflits idéologiques du dernier siècle, mais les nombreuses conditions de jeu et de victoire font en sorte qu’il est toujours possible de se faire souffler la victoire en quelques coups judicieusement joués par l’adversaire. Heureusement, il est tout aussi possible de s’emparer de la tête et de jouer une carte de pointage au bon moment pour prendre la tête ou s’emparer d’un avantage insurmontable. Aura-t-on droit à un coup d’État en France pour faire pencher l’équilibre du pouvoir en faveur des Soviétiques, ou à une gaffe déclenchant l’apocalypse nucléaire et une défaite honteuse sous les bas nuages radioactifs de l’hiver atomique?
Jeu de réflexion, mais aussi jeu de prévoyance, et parfois jeu de la moins pire des solutions, Twilight Struggle est une succession de petites décisions qui contribuent à construire un méta-scénario s’étendant sur près de 50 ans. Dantesque, complexe, parfois intimidant, le jeu a pourtant largement mérité la place qu’il a occupé pendant des années à la tête du palmarès de BoardGameGeeks.com, la Mecque numérique du jeu de société.
Pour ceux qui craignent de sombrer parmi les jetons, les cartes et l’imposant plateau de jeu, le titre est aussi disponible en format numérique, entre autres sur la plateforme Steam. Et si cette alternative permet entre autres de ne pas débourser les 75 à 90$ exigés pour la version physique du jeu, ainsi que de trouver des adversaires potentiellement installés à l’autre bout de la planète, plutôt que de devoir endurer le supplice de la goutte que sont les interactions sociales entre deux personnes, on n’y retrouve toutefois pas cette impression de pouvoir contempler l’ensemble de la situation géopolitique mondiale d’un seul coup d’oeil. Pourquoi ne pas acheter les deux, alors, question de pouvoir multiplier les parties?
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