Le cinéma d’auteur étant de moins en moins accessible compte tenu de sa rentabilité limitée au-delà de la reconnaissance artistique, on salue VVS Films d’offrir en format physique l’étonnant Mid90s, premier long-métrage de Jonah Hill, à se procurer dans les deux formats physiques. Le film bénéficie par ailleurs d’une traduction française, une autre rareté non-négligeable.
Trip nostalgique au soin inestimable, visuellement, Jonah Hill offre la totale. Le soin apporté à tous les détails artistiques et technique est si abasourdissant et précis qu’il faut se pincer à plus d’une reprise pour se rappeler qu’il s’agit bel et bien d’un film de notre époque et non pas des vieilles bandes ou même une vieille VHS issue des années 90 qu’on aurait retrouvée au grenier.
Jouant sur l’errance, Hill se permet son propre coming-of-age, genre auquel il a si souvent contribué devant la caméra, livrant quelque chose de pourtant très éloigné des productions dans lesquelles on l’a aperçu dans ses débuts. Misant sur le réalisme, la véracité et une incursion particulièrement crue dans le quotidien, il fait écho à notre époque pour nous montrer que les espoirs des jeunes âmes en quête de mieux face à leur milieu d’origine est aussi crève-cœur aujourd’hui qu’elle l’était autrefois.
Et si la distribution presque entièrement composée de nouveaux venus surprend et agace par son naturel, ce sont les comédiens plus expérimentés qui hantent nos esprits, le brillant Sunny Suljic en premier, tout simplement épatant malgré son jeune âge.
On apprécie donc le montage, la trame sonore qui laissent se succéder une panoplie de hits d’hier, la contribution judicieuse, quoique courte, mais toujours aussi mémorable de Trent Reznor et Atticus Ross aux compositions originales, mais on reste sur notre faim au niveau de l’écriture. L’objet est si beau qu’on regrette qu’au final, la parure n’en a pas autant à dire qu’elle en a à montrer.
Toujours un peu trop en surface et non pas dénué des clichés habituels, autant dans cette illustration précoce du passage à l’adolescence que de l’amitié masculine, s’il y a quand même un bon lot d’idées et d’observations franchement bien pensées, on se désole de ne pas voir l’œuvre creuser beaucoup plus en profondeur dans ses thématiques et ses avenues, l’empêchant de se montrer comme incontournable.
Traduit avec le titre Été ’95 au Québec, le DVD ne bénéficie d’aucun supplément, alors que le Blu-ray a droit à des entrevues, des scènes supprimées et une piste de commentaires audio. On aime par contre le design du disque en soi qui opte pour quelque chose de très artistique comparé au copié-collé habituel de l’image principale de la pochette du distributeur.
D’une très courte durée, la première proposition de Jonah Hill en tant que cinéaste le hisse bien haut parmi les artisans les plus surprenants à surveiller. Reste alors à ce qu’il améliore ses capacités d’écriture ou qu’il se lie avec d’autres de ses connaissances plus expérimentées pour passer au niveau supérieur. En attendant, Mid90s vaut définitivement le détour, à défaut de ne pas surclasser toutes les autres propositions du même acabit qu’on nous offre avec brio depuis une bonne décennie déjà.
En rappel, ma critique lors de sa sortie en salles.
6/10
Mid90s est disponible en format Blu-Ray et DVD via VVS Films depuis le 5 février dernier.
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