L’histoire d’amour du conte de Cendrillon conserve toujours un pouvoir d’émerveillement, sans doute accentué lorsqu’elle est représentée dans un ballet classique auquel participent trois troupes de tous jeunes danseurs et danseuses revêtus de beaux costumes très soignés. C’est ce que produit la compagnie Ballet Ouest de Montréal en proposant un spectacle intitulé Ella qui reprend l’histoire de Cendrillon sur la superbe musique aux accents tragiques de Serge Prokofiev.
Il est devenu presque rare d’assister à des spectacles de danse entièrement classique à Montréal, tant la danse contemporaine a envahi les salles de spectacle. Mais une formation classique demeure le passage obligé des grands danseurs contemporains actuels et les artistes qui ont participé à Ella étaient tous excellents, très virtuoses et parfois même comiques (je pense à Claudia Colonna dans le rôle de la belle-mère, et à Pauline Gervais et Tiffany Manankil dans ceux de ses deux filles), et cela pour le plus grand plaisir des spectateurs de la salle Pierre Mercure du Centre Pierre-Péladeau.
On connait l’histoire de cette malheureuse jeune fille obligée de changer de famille à la mort de sa mère, et qui se retrouve auprès d’une belle-mère méchante qui n’aime que ses deux filles et la réduit à un quasi-esclavage. Les seules amies d’Ella (très joliment interprétée par Michaela Gobas) sont les petites souris qu’elle côtoie, obligée qu’elle est de nettoyer sans cesse, et une vieille inconnue, qui se révèle une fée capable de lui permettre de se rendre au bal offert par le prince (excellent Jonathan Barcelos) pour se trouver une épouse.
Ainsi, comme souvent dans les contes, phénomènes naturels et surnaturels se côtoient dans Cendrillon, comme si la jeune fille condamnée à dormir sur les cendres du foyer était capable de voyager en esprit d’un monde à un autre, peut-être de celui de la vieille à celui des rêves, mais en rapportant de ses rêves des objets matériels, puisque sa chaussure oubliée au bal lui permettra finalement d’épouser le prince.
Aplomb, pas de deux, élévation et surtout usage des pointes par de jeunes danseuses et danseurs très talentueux donnent toute la légèreté de mouvement aux personnages du spectacle et les fait vraiment ressembler à des êtres surnaturels, doués de pouvoirs exceptionnels sur leurs corps et venus d’un au-delà du monde.
Des effets spéciaux de projection vidéo ajoutent tout un environnement au spectacle. La forêt, le château, la salle de bal… tout est représenté par le dessin qui aurait gagné selon moi à être un peu moins figuratif ou proche des films d’animation qui ont déjà si souvent représenté le conte. Mais l’ensemble était très bien interprété porté par cette musique de Prokofiev aux accents inimitables, et la salle dans laquelle il y avait beaucoup de jeunes spectateurs a clairement manifesté son enthousiasme à la fin du spectacle
Ella, 9 février 2019, à la Salle Pierre Mercure du Centre Pierre-Péladeau
Chorégraphie et mise en scène par Claude Caron
Musique par Sergei Prokofiev
Costumes par Caroline Rivard
Multimédia par Tinkerbell Media
Le silence des choses présentes, là où musique et danse s’unissent
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